Le programme AXA Forests for Good, lancé en septembre 2022, vise à restaurer des écosystèmes forestiers endommagés tout en les rendant plus résilients face aux risques sanitaires et au changement climatique. D’une durée de 3 ans, ce programme sera déployé sur 400 des 15 000 hectares de forêts détenus par AXA en France. L’objectif : restaurer 87 parcelles au sein de six massifs forestiers touchés par des attaques de scolytes et répartis sur trois départements français, la Meuse, le Jura et la Nièvre. Pour mener ce projet à bien, AXA est entouré d’un Consortium actif d’acteurs, piloté par Reforest’Action et composé d’AgroParisTech, de deux entités de l'Institut National de Recherche pour l'Agriculture, l'alimentation et l'Environnement (INRAE Renfor et Biogeco), de France Nature Environnement (FNE) et de quatre associations locales. Ils combineront leur expertise environnementale, sociale, technique et éducative au service de la restauration des forêts.
Aux origines du programme AXA Forests for Good, la nécessité d’adapter les forêts aux aléas climatiques et naturels
Aléas climatiques et aléas naturels : éléments perturbateurs des écosystèmes forestiers
« Les éléments perturbateurs de nos écosystèmes sont nombreux : si le changement climatique, qui déstabilise l’équilibre naturel ancien, en est un élément essentiel, les échanges humains commerciaux et internationaux en sont un autre, provoquant l’augmentation de la diffusion de maladies et d’insectes ravageurs des arbres comme les scolytes », écrit Hervé Le Bouler, spécialiste de l’impact du changement climatique sur les forêts en France et membre du Consortium du projet AXA Forests for Good pour Reforest’Action, dans son ouvrage « Forêts – Des racines et des hommes ». Les forêts tempérées sont ainsi touchées de façon croissante par des aléas en lien avec le changement climatique, tels que les phénomènes de sécheresse liés à la hausse des températures et à la baisse de la pluviométrie estivales, qui entraînent un risque élevé d’incendies, un risque d’accroissement de la mortalité des arbres et un affaiblissement de ces derniers, qui sont dès lors plus vulnérables à d’autres aléas naturels. La santé des forêts en zones tempérées est ainsi affaiblie également par les maladies et les insectes exotiques importés avec la mondialisation. Ces champignons pathogènes et insectes ravageurs représentent la majeure partie des dommages recensés en forêt française. Aléas climatiques et aléas naturels : ces phénomènes, qui peuvent se combiner, affectent directement la multifonctionnalité des forêts. Lorsqu’elles sont dégradées, les forêts ne fournissent plus leurs services écosystémiques en faveur du bien-être de l’ensemble du vivant.
AXA Forests for Good : un programme dédié à la recherche de solutions pour adapter les forêts au changement climatique et aux risques sanitaires
Il s’agit ainsi de rechercher des solutions pour restaurer les forêts endommagées et leur permettre de réaliser à nouveau leur multifonctionnalité sur le long terme. « Le forestier doit agir sans attendre, car l’urgence des dépérissements l’exige, d’autant plus que le monde des forêts se place définitivement sur l’échelle du temps long. Il sait pertinemment que ses décisions et ses actions ont un caractère irréversible, qu’elles engagent l’avenir pour des décennies », poursuit Hervé Le Bouler. Tel est l’objectif du programme AXA Forests for Good, qui s’échelonnera, sur une durée de trois ans, autour de quatre volets :
- Étudier l'impact du changement climatique et de l’artificialisation des sols sur la perte de biodiversité forestière grâce aux mesures terrain des experts du Consortium.
- Restaurer les forêts. Au sein de six massifs forestiers appartenant à AXA (Mauboux-Rosemont et Saint-André dans la Nièvre, Vaudrey, Pont du Navoy et Souvans dans le Jura, et Donquenay dans la Meuse), 87 parcelles touchées par des attaques de scolytes sont concernées par ce programme sur un total de 400 hectares. Après l’expérimentation de plusieurs options de restauration, le Consortium formulera des recommandations d’essences et d’itinéraires sylvicoles favorisant la multifonctionnalité et la résilience des forêts restaurées.
- Renforcer le leadership d'AXA sur les thématiques du climat et de la biodiversité. Les pratiques développées grâce à ce programme pourront ensuite être déclinées au niveau français et européen et partagées avec la communauté scientifique et le secteur forestier privé et public.
- Contribuer à une meilleure connaissance du rôle de la forêt. Les acteurs du Consortium sensibiliseront notamment les écoles aux enjeux de biodiversité et AXA proposera des actions de sensibilisation à ses partenaires et à ses collaborateurs.
Un Consortium d’acteurs, piloté par Reforest’Action
Pour mener ce projet à bien, AXA est entouré d’un Consortium d’acteurs, piloté par Reforest’Action et composé d’AgroParisTech, de deux entités de l'Institut National de Recherche pour l'Agriculture, l'alimentation et l'Environnement (INRAE Renfor et Biogeco), de France Nature Environnement (FNE) et de quatre associations locales. En tant que pilote du Consortium, Reforest’Action endosse deux rôles majeurs. D’une part, un rôle de structuration et de coordination du programme Forests for Good. La gestion de projet est ainsi assurée en interne par Thibaud Poulain et Côme Marret de Reforest’Action, qui ont structuré le cadre du projet avec AXA et la répartition des rôles du Consortium, et prennent en charge l’animation des ateliers de travail, la production de livrables, l’organisation d’actions de sensibilisation sur le terrain, et la gestion administrative du programme. D’autre part, un rôle de garant de la faisabilité opérationnelle et économique. A travers l’expertise d’Hervé Le Bouler, spécialiste de l’impact du changement climatique sur les forêts, et de Pierre Hermans, spécialiste en gestion forestière, Reforest’Action assure la matérialisation des itinéraires sylvicoles (choix des essences, travaux à effectuer sur les parcelles) et leur bonne mise en place en lien avec les membres du Consortium, en prenant en compte les conclusions du GIEC concernant l’impact du changement climatique sur les forêts du Grand Est français, ainsi que les différentes pratiques mises en place à l’échelle européenne pour lutter contre les attaques de scolytes.
Cette fonction de pilotage portée par Reforest’Action permet ainsi de répondre à l’objectif du Consortium AXA Forests for Good qui est de combiner l’expertise environnementale, sociale, technique et éducative de l’ensemble de ses acteurs, au service de la restauration des forêts.
Une démarche de co-construction, menée selon une démarche Living Lab, à destination des forêts AXA
Conduire une réflexion multi-acteurs pour proposer des itinéraires de renouvellement forestier : le cas des forêts AXA
Aujourd’hui, de plus en plus de propriétaires forestiers privés sont en recherche de solutions pour adapter les écosystèmes forestiers aux risques sanitaires et au changement climatique. Le programme AXA Forests for Good, notamment avec les compétences d’AgroParisTech, s’appuie sur une réflexion multi-acteurs (Parcs Naturels Régionaux, collectivités, propriétaires, naturalistes, gestionnaires, ONF, citoyens…) qui a pour objectif de proposer des itinéraires de renouvellement forestier pour reconstituer les parcelles d’AXA endommagées par le scolyte de l’épicéa. La volonté est de recueillir des expertises variées et complémentaires, et de concevoir collectivement la meilleure façon de restaurer ces parcelles.
Cette réflexion sera menée selon une démarche Living Lab, qui a été adaptée spécifiquement pour répondre aux enjeux forestiers depuis 2018 par Maxence Arnould, enseignant-chercheur à AgroParisTech Nancy. Cette méthode de co-construction et d’intelligence collective, très récente et innovante dans le secteur forestier français depuis les travaux de Maxence Arnould, permet de co-construire des solutions innovantes et partagées avec, pour et par les acteurs concernés par le secteur forestier. « Dans le cadre du projet AXA Forests for Good, la démarche Living Lab animée par AgroParisTech sera conduite avec des méthodes d’intelligence collective qui viseront à co-concevoir des itinéraires techniques pour les forêts AXA endommagées par le scolyte de l’épicéa », explique Maxence Arnould. « Nous mettrons en œuvre des ateliers collaboratifs qui rassembleront une grande diversité d’acteurs territoriaux liés à la forêt. Cette réflexion vise à compléter, en parallèle, celle des experts et des chercheurs du Consortium composé de Reforest’Action, de FNE, de l’INRAE et d’AgroParisTech. Là où le Consortium prodigue une expertise technique, les acteurs réunis dans le cadre de la démarche Living Lab apportent des connaissances liées aux spécificités territoriales. Il s’agit d’un véritable processus collectif et collaboratif visant à créer du lien et à partager autour de sujets qui prêtent à débat. »
La démarche Living Lab adaptée dans le cadre du programme AXA Forests for Good
Concrètement, chacun des six massifs concernés par le programme AXA Forests for Good fait l’objet de la démarche Living Lab développée par Maxence Arnould. Les premiers ateliers territoriaux visant à établir un diagnostic pour chaque massif se dérouleront entre mai et juin 2023. La deuxième phase d’ateliers se déroulera au cours de l’été et de l’automne 2023 et consistera à analyser les besoins et les attentes des acteurs sur le sujet du renouvellement forestier dans un contexte de changement climatique. Viendront ensuite deux autres phases courant 2024 pour concevoir des actions sur le renouvellement forestier et proposer des méthodes de mise en œuvre. A l’issue de ces ateliers de co-construction, un livrable final sera remis à AXA par AgroParisTech, constitué de l’ensemble des conclusions des ateliers ainsi qu’un plan d’action prêt à la mise en œuvre. A la suite du projet AXA Forests for Good, l’ambition est de diffuser et transférer les résultats issus de la démarche Living Lab à destination d’autres propriétaires et gestionnaires forestiers afin qu’ils puissent reproduire cette démarche au sein de leur propriété.
La recherche au service du renforcement des forêts
Des parcelles expérimentales pour tester différentes techniques de restauration
Dans le cadre du programme AXA Forests for Good, des recherches sont également conduites par l’équipe de R&D de INRAE Renfor, membre du Consortium, au sein de certaines parcelles de l’un des massifs concernés par le projet, afin d’identifier les techniques de restauration les mieux adaptées à celles-ci. « L’objectif est de proposer au gestionnaire forestier la meilleure option de restauration possible, en fonction du niveau d’intervention souhaité sur la parcelle, et de la nécessaire adaptation aux contraintes du site », explique Catherine Collet, chercheuse en sylviculture à l’INRAE de Nancy. Pour ce faire, des parcelles du massif de Donquenay, dans le département de la Meuse, seront divisées en plusieurs sections par les chercheurs, afin d’y appliquer différentes méthodes de restauration sur plusieurs années, et de comparer ensuite les résultats pour en tirer une conclusion quant au meilleur itinéraire technique possible. Au sein de ces parcelles expérimentales, les recommandations de l’INRAE Renfor porteront également sur les méthodes pour lever les contraintes des sites afin de faciliter l’installation des plants, ainsi que sur les travaux à conduire pour contrôler la compétition (pour l’eau, la lumière, les éléments minéraux) entre les plants. L’objectif est également de diminuer la surface travaillée du sol en travaillant essentiellement autour du plant et non le reste de la parcelle, afin de réduire la perturbation du sol et du milieu, de respecter sa diversité en microfaune, bactéries et microbiens, et de limiter le déstockage du carbone.
La proposition d’itinéraires adaptés à chaque parcelle du programme AXA Forests for Good
En parallèle, le Consortium piloté par Reforest’Action effectuera des propositions d’itinéraires pour l’ensemble des autres parcelles concernées par le programme AXA Forests for Good, afin d’assurer le meilleur développement possible des écosystèmes forestiers. Le propriétaire, AXA, ainsi que ses gestionnaires associés au projet, bénéficieront ainsi de l’expertise des chercheurs du Consortium et de recommandations de plusieurs itinéraires sylvicoles, qui exploreront plusieurs méthodes : régénération naturelle assistée (où les plants seront issus des graines du peuplement précédent), reboisement (où les plants seront produits en pépinières), mélange de régénération naturelle assistée et d’enrichissement ou encore îlots forestiers en libre évolution.
Renforcer les forêts grâce à la diversité des essences et une sylviculture adaptée
Le choix d’itinéraires sylvicoles adaptés permettra de mieux adapter les forêts restaurées au changement climatique. « Grâce aux recherches conduites en amont des travaux de restauration, il est possible de devancer les évolutions de l’écosystème liées au changement climatique et d’adapter le futur peuplement forestier afin de le rendre plus résilient. » indique Catherine Collet. La prévention des risques sanitaires sera quant à elle prise en compte dans le choix des essences à planter sur chaque parcelle, réalisé par l’ensemble des membres du Consortium dans le courant de l’hiver 2023. La diversité des essences d’arbres sélectionnées permet en effet d’augmenter la résistance des forêts restaurées à d’éventuelles maladies ou pathogènes, comme en témoigne encore Catherine Collet : « Dans la mesure où certaines essences d’arbres sont plus sensibles à certains types de risques sanitaires, la diversité et le mélange des essences est assurément un atout au sein d’une même parcelle, puisqu’en cas d’attaque sanitaire, certaines espèces d’arbres seront mieux à même d’y résister. » La diversité des essences et l’identification de paramètres sylvicoles clés pour réduire les risques en milieu forestier feront l’objet de deux rapports de recherche conduits, au sein du Consortium, par Hervé Jactel, directeur de recherche à INRAE Biogeco.
La biodiversité au cœur de la multifonctionnalité des forêts
Une forêt multifonctionnelle est une forêt riche en biodiversité
Une forêt multifonctionnelle est une forêt dont la mixité – des essences, des fonctions, des publics – lui permet de rendre une grande variété de services environnementaux (capture du CO2, biodiversité, épuration de l’air et de l’eau…) et d’assurer également des fonctions essentielles au niveau économique (production de bois, tourisme), social (emploi, loisirs, ressourcements…) et paysager.
L’un des socles de cette multifonctionnalité réside dans la préservation et le développement de la biodiversité. Au sein du Consortium, France Nature Environnement (FNE) apporte son expertise sur la protection de la biodiversité, des écosystèmes et sur la préservation des services écosystémiques, afin d’assurer la multifonctionnalité des forêts restaurées. Nicolas Oddo, chef de projet chez FNE, explique pourquoi la diversité des essences forestières est clé pour assurer le maintien de la multifonctionnalité d’une forêt. « Les espèces vivantes se rendent des services entre elles et c’est la collaboration entre espèces qui permet que l’ensemble des services dans un milieu soit assuré. Dans le cas d’un écosystème forestier, par exemple, certaines essences d’arbres ont une meilleure capacité à stocker l’eau ou au contraire à évacuer le surplus d’eau dans les sols. Le choix des essences lors de la restauration d’une forêt aura dès lors un impact sur son aptitude à résister à des épisodes de sécheresse ou d’inondation. De même, les espèces animales contribuent aux services écosystémiques de leur milieu. Ainsi, les insectes pollinisateurs ont un rôle clé dans le bon fonctionnement et l’équilibre d’un écosystème. » En somme, la résilience et la multifonctionnalité d’une forêt dépendent directement de la biodiversité qu’elle abrite.
Un diagnostic biodiversité pour adapter les actions de restauration forestière
Au sein des 6 massifs concernés par le programme Forests for Good, un diagnostic sera ainsi réalisé au printemps 2023 afin de réaliser un état des lieux de la biodiversité forestière présente au sein des parcelles (faune, flore et leurs potentiels habitats) et de la prendre en considération dans le cadre des itinéraires de restauration qui seront retenus. « Il s’agit d’intégrer ces éléments de biodiversité dans la réflexion du Consortium pour mieux les promouvoir lors des actions de restauration », indique Nicolas Oddo. « Par exemple, les parcelles concernées par le projet présentent les traces d’une régénération naturelle qu’il faudra conserver dans l’optique de la développer, de l’optimiser et de la favoriser via les interventions humaines qui auront lieu. » En tant qu’expert dans l’étude de l’équilibre des écosystèmes, FNE prodigue ainsi ses recommandations au Consortium pour définir une gestion sylvicole durable à promouvoir sur les parcelles. L’objectif : que les forêts restaurées aujourd’hui soient encore en place dans 30 ans et contribuent à la résilience des territoires sur le long terme face aux aléas climatiques et sanitaires.
Sensibiliser et former les publics aux méthodes sylvicoles qui visent à préserver la biodiversité
Parce que le programme Forests for Good vise aussi à sensibiliser les différents publics à l’importance de restaurer des forêts multifonctionnelles et à favoriser l’adoption de méthodes de sylviculture par les praticiens, FNE organisera des ateliers auprès du public scolaire et des étudiants de la filière Bois, mais aussi auprès des sylviculteurs et des collaborateurs d’AXA afin de les sensibiliser à cette pratique forestière, au-delà même des parcelles à restaurer dans le cadre du programme. Un livre blanc sera ainsi rédigé par FNE tout au long du projet et utilisé dans le cadre de ces ateliers de sensibilisation.
Le programme AXA Forests for Good illustre la volonté d’exemplarité d’AXA dans la mise en place d’une gestion forestière multifonctionnelle. Au travers de son Consortium d’experts piloté par Reforest’Action, il fait ainsi dialoguer trois dimensions clés de la restauration et de l’adaptation des forêts face au changement climatique et aux risques sanitaires : la dimension scientifique, portée par l’INRAE et AgroParisTech et tournée vers l’expérimental et la recherche ; la dimension économique, pour représenter au mieux l’intérêt des propriétaires forestiers et garantir les services socio-économiques fournis par les forêts (production de bois, espaces récréatifs pour le public…) ; et la dimension environnementale, portée par FNE, garant de l’équilibre des écosystèmes forestiers et de leur biodiversité. Ce dialogue vise à déployer un projet répondant à l’ensemble de ces enjeux qui sont au cœur de la multifonctionnalité des forêts. La synergie des acteurs du Consortium permet également d’ouvrir le programme à l’extérieur en intégrant à la réflexion une galaxie d’acteurs territoriaux via la méthode Living Lab d’AgroParisTech, et en communiquant auprès de différents publics sur l’ensemble des travaux effectués via la production d’un livre blanc par FNE. La finalité du projet Forests for Good ? Permettre d’essaimer les réflexions et les stratégies dessinées dans le cadre du programme, afin de faire évoluer largement la gestion forestière privée en France vers des méthodes sylvicoles aptes à réduire les risques et l’impact des aléas à l’échelle des territoires, et d’augmenter leur résilience sur le long terme.