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Contre les feux de forêts, la prévention et une gestion forestière adaptée sont clés

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Le changement climatique à l’origine de l’ampleur des feux de forêts

Le changement climatique est à l’origine directe de l’intensité et de la fréquence des feux de forêts ces dernières années. D’après le rapport du GIEC paru en avril 2022, une hausse des températures de +1,1°C par rapport à l’ère préindustrielle est aujourd’hui constatée à l’échelle planétaire, causant des pics de chaleur déjà cinq fois plus fréquents qu’au dix-neuvième siècle. Or, d’une manière générale, l’assèchement de la végétation et l’élévation des températures accroît le risque de départ d’incendies. En respectant l’Accord de Paris qui vise à limiter le réchauffement global à +1,5°C d’ici 2030, la fréquence des pics de chaleur doublera malgré tout. Ainsi, 50% de la forêt française sera exposée à un risque élevé d’incendies en 2050.

© Reforest'Action - Pierre Hermans

Les conséquences des incendies sur les écosystèmes forestiers

Lors d’un feu de forêt, la combustion des arbres entraîne la libération dans l’atmosphère du carbone stocké dans leur bois, leur feuillage et le sol forestier, ainsi que la destruction des habitats de la biodiversité. Après l’incendie, les paysages sont durablement dégradés. La disparition du couvert forestier entraîne l’exposition des sols et un risque accru d’érosion. Si la couche de cendres est trop épaisse, elle forme alors une croûte à l’effet hydrofuge, qui freine l’infiltration de l’eau dans les sols et cause des ruissellements en cas de précipitations abondantes, pouvant alors entraîner des glissements de terrain ou des coulées de boue. Enfin, même si certains arbres ont survécu à l’incendie, ils sont toutefois affaiblis et rendus plus vulnérables aux parasites et aux champignons. Ils risquent alors de dépérir à leur tour dans les mois ou les années qui suivent l’incendie.

© Reforest'Action - Pierre Hermans

Quelles solutions pour restaurer les forêts après les incendies ?

A cause des conditions physiques et chimiques des sols et de l’atmosphère, il n’est pas possible de replanter des arbres immédiatement après les feux. Dans un premier temps, la meilleure solution est de nettoyer et protéger les espaces forestiers incendiés, et d’observer leur capacité à se régénérer naturellement.

Si cette régénération naturelle existe, il est alors envisageable de l’accompagner grâce à divers travaux forestiers comme le débroussaillage ou le détourage qui permettront de favoriser les pousses les plus prometteuses. La régénération naturelle assistée, couplée si besoin à des opérations de reboisement, permet de restaurer les forêts incendiées mais aussi d’en assurer le renforcement sur le long terme. Ce mode de gestion sylvicole permet en effet de sélectionner les essences d’arbres qui ont la meilleure probabilité d’évolution, et qui seront les plus adaptées au changement climatique.

Lorsque la régénération naturelle est inexistante, lorsque les risques de désertification ou d’érosion sont importants ou lorsque les impératifs sylvicoles ou paysagers incitent à reconstituer la forêt plus rapidement, il est toutefois préférable de replanter des arbres à plus court terme plutôt que d’attendre que la forêt se régénère seule.

Gestion forestière et diversification des essences : les stratégies d’adaptation face aux risques d’incendies

Contre les risques d’incendies, une bonne gestion forestière est primordiale, comme en témoigne Pierre Hermans, expert consultant auprès de Reforest’Action, qui était présent, jeudi 21 juillet, sur la zone de l’incendie de Landiras, en Gironde. « Quand le temps de la réflexion et de la restauration du site sera venu, il faudra éviter les utopies, et tenir compte de la spécificité de la station : [ici, à Landiras], les sols sont pauvres et sablonneux, le pin est l’une des seules essences qui peut y pousser correctement. Il serait simpliste de vouloir l’éliminer, sous prétexte de son inflammabilité. Bien sûr une certaine diversification devra être étudiée, mais plus encore, c’est le design des parcelles qui devra être repensé. Les densités, la gestion des lisières, la création et l’entretien de coupe-feu et chemins d’accès seront les éléments clés qui permettront à l’avenir d’éviter la propagation d’incendies incontrôlables. »

C’est ainsi en diversifiant les essences des massifs, en créant des lisières feuillues moins inflammables qui agiront comme barrières, en entretenant et contrôlant la végétation mais aussi en améliorant les dessertes des massifs afin de faciliter l’accès des pompiers et en renforçant les dispositifs de DFCI (Défense des Forêts Contre les Incendies) qu’il sera possible de créer des forêts plus résilientes et mieux protégées face à la menace des feux.

© Reforest'Action - Pierre Hermans

Renforcer les forêts de demain : la mission de Reforest’Action

Avec 137 projets forestiers et 2 millions d’arbres plantés ou régénérés en Nouvelle-Aquitaine depuis 2010, l’implication de Reforest’Action est forte dans la région des méga-feux de Landiras et de La Teste-de-Buch, qui ont détruit plus de 20 000 hectares de forêts depuis le 12 juillet et ont causé l’évacuation de près de 37 000 personnes. A ce jour, si aucun de nos projets n’a été touché par les flammes, nous sommes malgré tout en première ligne du travail de reconstruction qui s’annonce.

Chaque jour, nous continuons à identifier des porteurs de projets (propriétaires, gestionnaires, associations…) en besoin d’un support technique et financier pour restaurer les forêts. Dans l’objectif de promouvoir la régénération des massifs, d’améliorer la gestion des forêts et de réduire ainsi les risques d’incendies futurs, les projets de reboisement fondés sur la diversité des essences et les projets de régénération naturelle assistée (RNA) sont clés.

Ces projets de restauration et d’adaptation des forêts ne peuvent toutefois pas se suffire à eux-mêmes. A l’échelle locale, chacun se doit d’adopter les bons gestes pour réduire les départs de feux causés par l’homme : débroussailler son jardin, ne pas laisser de verre ni de mégot en forêt et ne jamais allumer de feu en promenade, en gardant toujours à l’esprit qu’une seule étincelle suffit à brûler des milliers d’hectares.

A l’échelle mondiale, l’urgence est de mise quant à la prise de mesures pour respecter l’Accord de Paris et limiter le réchauffement planétaire, directement responsable des pics de chaleur à l’origine de l’ampleur des feux de forêts actuels.