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Décennie des Nations unies pour la Restauration des Écosystèmes : comprendre ses enjeux en trois étapes

Décryptages

La Décennie des Nations unies pour la Restauration des Écosystèmes sera officiellement lancée le 5 juin 2021, journée mondiale de l’environnement. A cette occasion, Reforest’Action vous présente les enjeux de cette initiative planétaire qui contribue aux Objectifs de Développement Durable des Nations Unies pour 2030.

1. Qu’est-ce que la Décennie des Nations unies pour la Restauration des Écosystèmes ?

La Décennie des Nations unies pour la Restauration des Écosystèmes (2021-2030) a été initiée par l’Assemblée Générale de l’ONU après une proposition de 70 États du monde, préoccupés par la perte de biodiversité et l’impact du changement climatique sur la nature et les êtres vivants.

Sous l’égide du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) et de l’Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), cette décennie a pour objectif de développer et d’orienter un mouvement international de restauration afin d’assurer aux générations futures un avenir durable. Elle inclut un plaidoyer politique en faveur de la restauration mais également des centaines d’actions sur le terrain. Cette initiative mondiale est d’une importance capitale car aujourd’hui, seul 1% des financements climat est consacré à la restauration. Or, un seuil de 30% d’écosystèmes prioritaires restaurés permettrait d’éviter la disparition de 70% des espèces selon une étude publiée dans la revue Nature en 2020.

2. Que veut dire restaurer des écosystèmes ?

Avant de restaurer les forêts dégradées et disparues, rappelons que la priorité reste de protéger celles existantes. Dans cette optique, la réduction de notre empreinte carbone est primordiale pour lutter contre le changement climatique et protéger la biodiversité. Ainsi, protection et restauration des écosystèmes sont deux stratégies complémentaires et indissociables, comme le rappelle la Society for Ecological Restoration.

Selon le Joint Research Centre, on estime en 2021 que 75% des terres du monde sont dégradées. Cette dégradation est synonyme de nombreux dangers : pour la biodiversité, pour notre santé et celle de l’ensemble du vivant, pour un accès à l’alimentation et à l’eau, pour lutter contre le changement climatique et même pour l’économie mondiale. Les services rendus par ces écosystèmes (filtration d’eau, pollinisation, puits de carbone, etc.) sont inestimables pour les êtres vivants et irremplaçables, d’où la nécessité de les protéger. Ainsi les Nations Unies, en s’appuyant sur une étude menée en 2017, estiment-elles que la restauration de 350 millions d’hectares d’écosystèmes terrestres et maritimes d’ici 2030 pourrait générer neuf milliards de dollars de services écosystémiques.

Restaurer implique donc d’aider les écosystèmes endommagés à se régénérer. Selon un article publié dans Natural Sciences, la restauration des écosystèmes est un processus consistant à rendre leur fonctionnalité écologique aux paysages dégradés, tout en permettant le bien-être humain. Cela peut prendre de nombreuses formes, comme la plantation d’arbres ou le nettoyage des océans, mais demande surtout une adaptation cohérente face aux nouveaux défis climatiques. La restauration induit de nombreux avantages pour l’environnement : par exemple, restaurer 350 millions d'hectares de terres dégradées d'ici 2030 permettrait d’éliminer de l’atmosphère 13 à 26 gigatonnes supplémentaires de gaz à effet de serre. De plus, les bénéfices économiques liés à ces interventions seront neuf fois supérieurs au coût des investissements qu’elles exigent. A l’inverse, l’inaction en matière de restauration nous coûterait trois fois plus chère qu’une démarche de restauration efficiente : en termes de politique de santé publique, de gestion des ressources ou encore d’économie liée aux services écosystémiques.

Tous les écosystèmes peuvent être restaurés : les terres agricoles et les forêts, les océans et les côtes, les régions arides et les montagnes...

3. En quoi les forêts sont-elles concernées par la restauration ?

Les forêts sont essentielles à la vie sur Terre. Elles nous offrent de l’air pur, de l’eau et sont de précieux atouts dans la lutte contre le réchauffement climatique. Elles accueillent en leur sein environ 80% de la biodiversité terrestre mondiale et sont indispensables pour des milliards d’êtres vivants à qui elles offrent d’importants moyens de subsistance. Selon la FAO, nous perdons chaque année 10 millions d’hectares de forêts à travers le monde, soit la superficie de la Slovaquie. Les principales causes de déforestation sont liées aux activités humaines, telles que l’agriculture, tandis que la dégradation de cet écosystème provient de plusieurs facteurs tels que le changement climatique, qui favorise les feux de forêts, le morcellement des forêts, les coupes sélectives de certaines essences d’arbres ou encore les attaques d’insectes.

D’après le Partenariat mondial pour la restauration des écosystèmes forestiers, une coalition de 28 organisations internationales et non gouvernementales, la restauration des paysages forestiers consiste à inverser le processus de dégradation des sols, des zones agricoles, des forêts et des bassins versants, afin que ceux-ci recouvrent leur fonctionnalité écologique. Elle peut se traduire par l’introduction volontaire d’essences plus variées et nombreuses dans les jardins, les exploitations agricoles, les champs et les forêts, ou par une régénération naturelle des écosystèmes souffrant de surpâturage, de pollution ou d’une surexploitation quelconque. Elle vise essentiellement à améliorer la productivité des paysages et leur capacité et à répondre aux besoins divers et évolutifs de la société.

Devant l’urgence environnementale, de nombreuses initiatives ont vu le jour. Ainsi le Défi de Bonn lancé par le gouvernement allemand et l’IUCN en 2011 vise-t-il à restaurer 350 millions d’hectares de paysages dégradés et déboisés d’ici 2030. On compte aussi l’African Forest Landscape Restoration Initiative avec 100 millions d’hectares visés d’ici 2030, ou encore 1T, impulsé par le Forum économique mondial, ambitionnant de protéger et planter 1000 milliards d’arbres d’ici 2030. Mais la restauration comporte des pièges dans lesquels il ne faut pas tomber. Une étude du terrain approfondie doit être menée pour s’assurer que les essences d’arbres intelligemment sélectionnées puissent évoluer au bon endroit, au bon moment. Signe de certains errements qualitatifs, près de 80% des engagements pris par le Défi de Bonn concernent des plantations de monocultures ou d’espèces non-indigènes.

Pourtant comme le précise notre rapport Notre Avenir S’appelle Forêt, les forêts composées d’une diversité d’essences d’arbres sont en général plus résistantes et plus résilientes aux manifestations actuelles et futures du changement climatique (sécheresses, incendies, tempêtes) et aux risques biotiques grandissants (attaques d’insectes et maladies) que celles plus homogènes. Par ailleurs, les forêts diversifiées permettent généralement une meilleure production de services écosystémiques, tels que le stockage de CO2, la filtration de l’eau. Ainsi la Society for Ecological Restoration a-t-elle mis à jour huit grands principes de restauration à suivre pour assurer des pratiques efficaces pour les écosystèmes.

Reforest’Action contribue à la restauration des forêts mondiales

Depuis 2010, Reforest’Action mène des projets sur différents continents et plusieurs dizaines de pays pour restaurer des zones touchées par la déforestation en liens étroits avec les porteurs de projets locaux. Conscients des enjeux globaux et de terrain, nous protégeons et restaurons des forêts diversifiées pour préserver et développer leur multifonctionnalité et leurs services écosystémiques et les rendre plus résistantes aux aléas climatiques. Nous veillons également à inclure toutes les parties prenantes au processus, notamment les communautés locales et notre réseau de plus de 800 porteurs de projet. En ambitionnant de planter un milliard d’arbres d’ici 2030, Reforest’Action entend participer activement à la Décennie des Nations unies pour la Restauration des Écosystèmes.