À une heure de Paris, la forêt de Chantilly offre un écrin de nature exceptionnel et un patrimoine chargé d’histoire. Malheureusement, son peuplement est actuellement en danger. Elle fait aujourd’hui l’objet d’un projet de reboisement d’envergure.
Le domaine de Chantilly a été légué à l’Institut de France* par Henry d’Orléans, duc d’Aumale. En 1886, ce militaire et homme politique français, fils du roi Louis-Philippe, fait don à l’institution du château, d’une vaste collection de livres, tableaux et objets d’art précieux, des écuries, ainsi que d’une vaste forêt. En contrepartie, il demande à ce que l’ensemble du domaine soit accessible au public. Aujourd’hui, la volonté du duc continue d’être exaucée. Désormais, ce lieu unique accueille plus de 400 000 visiteurs chaque année. Malheureusement, sa forêt emblématique fait aujourd’hui face à une importante crise sanitaire, qui menace sa longévité.
La Forêt de Chantilly : une réserve de biodiversité menacée
Cet imposant massif forestier de 6344 hectares s’étend au-delà de la commune de Chantilly au nord du Val-d’Oise et au sud de l’Oise. Il fait d’ailleurs partie, avec la forêt d'Halatte et d'Ermenonville, du Massif des Trois Forêts. La forêt se distingue notamment par la richesse de sa biodiversité, de sa faune et de sa flore. Aujourd’hui, elle est un lieu de promenade, de tourisme équestre et d’exploitation forestière.
Mais depuis une trentaine d’années, elle est victime de la hausse des températures et de vagues de sécheresse successives. Sur place, les chênes, qui constituent à majorité le peuplement, dépérissent à vue d’œil. Autre conséquence du changement climatique : le déficit en eau mais aussi l’apparition de larves de hanneton, qui ont envahi 70 % des sols et causent d’important dégâts sur les racines. «L’état de la forêt illustre bien les problématiques qu’on retrouve dans les forêts françaises, explique Dimitri D’Helft, responsable de projets forestiers chez Reforest’Action. Suite aux aléas climatiques et attaques d’insectes ravageurs, ce massif peu diversifié, a besoin d’être restauré et enrichi de nouvelles essences pour perdurer dans le temps».
Le collectif au service de la restauration de la forêt
En raison de l’état préoccupant du peuplement de Chantilly, un projet pluriannuel sur 3 ans a été mis en place. «Les parcelles dégradées seront restaurées, de nouveaux arbres seront plantés et d’ici quelques années, des travaux visant à soutenir la régénération naturelle du peuplement pourront être entrepris», précise Dimitri D’Helft.
Chaque année, des arbres seront ainsi plantés ou régénérés. Outre la protection des spécimens en place, le projet repose sur la diversification des essences qui composent le peuplement. Cèdres, chênes, pins, merisiers, alisiers, pistachiers, noisetiers, charmes, tilleuls font partie des 61 essences choisies pour leur capacité à s’adapter aux conditions climatiques présentes et à venir. Une démarche qui accroîtra la résilience de la forêt et participera à la protection des divers écosystèmes.
Cette nouvelle gestion forestière permettra à la forêt de Chantilly de redevenir un véritable poumon vert, d’exercer sa fonction de puits de carbone et de réservoir de biodiversité. À terme, le massif pourra de nouveau remplir sa fonction économique, la production de bois durable, essentielle à l’entretien du domaine. Et parce que le domaine de Chantilly est ouvert à tous, les divers publics pourront avoir accès aux données relatives à la traçabilité et à l’utilisation des ressources bois fournies par la forêt.
Le projet donnera ainsi l’occasion de sensibiliser la population aux enjeux liés à la forêt française. Car impliquer les citoyens dans la sauvegarde de notre patrimoine forestier, c’est leur redonner le pouvoir d’agir en faveur de la protection de l’environnement.
* rassemble l'Académie française, l'Académie des inscriptions et belles-lettres, l'Académie des sciences, l'Académie des beaux-arts et l'Académie des sciences morales et politiques