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Micro-forêt urbaine : enjeux et bénéfices

Décryptages

D’après le GIEC, 70% des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent des zones urbaines. Entre pollution, artificialisation, pics de chaleur et effondrement de la biodiversité, les métropoles sont devenues le reflet d’un monde qui s’essouffle, miroirs d’un développement déconnecté du vivant. Alors que plus de la moitié de l’humanité habite en ville, il devient urgent de repenser l’urbanisme, d’y (ré)intégrer une part de végétal, de recréer un équilibre naturel. À ce titre, la micro-forêt urbaine représente la formidable opportunité de dépasser notre conception de la ville d’aujourd’hui pour construire celle de demain.

Les impacts de l'absence de forêts en ville

Villes et forêts ont presque toujours été considérées comme deux opposés : un monde sauvage, gouverné par les lois naturelles, contre un univers façonné et contrôlé par les hommes. Alors que la ville est devenue l’un des principaux moteurs du changement climatique, cette vision antagoniste atteint ses limites.

Quand urbanisation rime avec artificialisation

En 2050, ce sont entre 6 et 7 milliards* de citadins qui peupleront la planète, soit près de 70% de la population mondiale. En France, ce pourcentage atteindra bientôt les 80%**. Petit à petit, la taille des villes augmente et les métropoles de plus d’un million d’habitants se multiplient. Un tel volume et une telle concentration de personnes implique une gestion de l’espace et de l’environnement incompatible avec la nature. Dans la plupart des cas, l'expansion rapide des villes a eu lieu au détriment des écosystèmes. En parallèle, l’extension urbaine, via la construction d’infrastructures bétonnées, est allée de pair avec l’artificialisation - et donc l’imperméabilisation - massive des sols qui fait partie des causes avérées du changement climatique et de l’érosion de la biodiversité.

*Perspectives de l’urbanisation mondiale, ONU, 2018 **Insee, 2020

Les villes : quels impacts sur le climat ?

Le GIEC est formel, les zones urbaines sont à l’origine de 70%* des émissions mondiales de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique en cours.

En ville, les effets du réchauffement climatique sont exacerbés. L’une de ses principales manifestations prend la forme d’îlots de chaleur, qui correspondent à une élévation des températures maximales en milieu urbain par rapport aux milieux naturels environnants. Contrairement aux idées reçues, ce phénomène n’est pas dû à la pollution mais à la concentration de bâtiments qui captent la chaleur en journée et la libèrent dans l’atmosphère à la nuit tombée. D’après une étude récente** parue en janvier 2023 et menée sur 93 villes européennes, 75% de la population urbaine subit 1°C de plus que les habitants de la campagne, et 20% d’entre eux affrontent jusqu’à plus de 2°C supplémentaires.

La FAO estime que 60% des citadins vivent dans des zones à haut risque d'exposition à au moins un risque naturel. En ville, les phénomènes d’érosion et de tassement provoqués par les précipitations sont à l’origine d’inondations et d’éboulements de plus en plus fréquents et intenses, parfois mortels dans certaines régions du globe.

*3e volet du 6e rapport d’évaluation du GIEC, 2022 **Cooling cities through urban green infrastructure: a health impact assessment of European cities, étude publiée dans le journal medical The Lancet, 2023

La biodiversité, grande absente des villes

La construction des villes s’est accompagnée d’un changement anthropique important des paysages, avec une dégradation ou une perte complète des écosystèmes naturels qui s’y trouvaient au départ. Depuis des siècles, l’étalement urbain est donc à la racine de l’effondrement de la biodiversité, provoqué par la destruction des habitats de la faune et de la flore natives. Ce développement incontrôlé a paradoxalement déclenché une recrudescence de certains animaux, parfois considérés comme nuisibles, ou d’essences végétales exotiques. D’autres espèces ont dû quant à elles s’adapter aux caractéristiques urbaines en devenant « urbanophiles », comme les hirondelles dont les ailes ont peu à peu raccourci pour voler entre les constructions urbaines.

Une question de santé publique

En plus d’être néfaste pour le climat et la biodiversité, la ville a des effets indésirables sur ses propres résidents. Les habitants des zones urbaines sont en effet exposés à la pollution atmosphérique. Selon une dernière étude, les particules produites par la combustion des énergies fossiles - due aux voitures et aux industries - seraient responsables de plus de 8 millions* de morts prématurées en 2018, soit un peu moins d’un décès sur 5 dans le monde. Outre les maladies occasionnées par la pollution urbaine, on constate un recul de l’espérance de vie moyenne des citadins. À Paris et en région parisienne, où l’air est particulièrement pollué, les habitants peuvent perdre jusqu’à 2 ans de vie.

La pollution urbaine n’est pas uniquement aérienne, mais est aussi sonore. Le bruit, omniprésent en ville, peut provoquer des troubles ou une sensation d’inconfort chez de nombreuses personnes, et est considéré comme un facteur de risque à long terme.

Le manque de végétal en ville est autant une problématique de santé publique qu’une question de bien-être. Si la présence d’espaces verts ou boisés en ville est bénéfique pour la santé mentale et la réduction du stress, leur absence engendre une panoplie d’effets néfastes pour notre humeur. C’est pourquoi en 2020, après un confinement difficile, 8 français sur 10 affirmaient qu’accorder plus d’importance à la végétalisation des villes devait être une priorité***.

*Étude d’Harvard, publiée dans la revue Environmental Research, 2021 **Santé Publique France, 2016 ***Étude menée dans le cadre de l'Observatoire des villes vertes, 2020

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La forêt pour transformer l’urbanité

Devant un tel constat, la végétalisation urbaine représente une solution de premier plan pour entamer la transition socio-environnementale des villes. La FAO, le GIEC, le WRI, le Cerema… tous sont unanimes : enrichir la forêt en ville est un excellent moyen d’atténuer les impacts environnementaux et sociaux de l’urbanisation. En effet, développer les ressources arborées des villes contribue à la création d’un modèle urbain durable et résilient.

Rafraichissement urbain

La micro-forêt urbaine agit directement sur le climat des villes en rafraichissant l’air ambiant. Placés dans des endroits stratégiques, les arbres peuvent faire baisser la température de 2°C à 8°C* et réduire les besoins en climatisation de 30%* lorsqu’ils sont plantés autour des immeubles. Ceci s’explique par plusieurs phénomènes. D’une part, un arbre pouvant absorber jusqu’à 80% des rayonnements solaires, l’ombre procurée par son feuillage empêche les infrastructures bétonnées d’emmagasiner trop de chaleur pendant la journée. D’autre part, grâce à l’évapotranspiration, un arbre mature produit jusqu’à 450 litres d’eau sous la forme de vapeur, soit l’équivalent de 5 climatiseurs qui tourneraient pendant 20h**, créant ainsi un microclimat plus frais autour de lui.

D’après l’étude parue dans The Lancet début 2023, doubler la couverture végétale des métropoles européennes - pour atteindre les 30% de surface arborée - permettrait de rafraichir de 0,4°C en moyenne les étés en ville et d’éviter les îlots de chaleur. Ne l’oublions pas, en matière de réchauffement climatique, chaque dixième de degrés compte.

*FAO, infographie Bénéfices des arbres urbains, 2016 **Étude publiée par l’Ademe, 2019

Biodiversité et trame verte

Les arbres et arbustes urbains constituent des supports importants de biodiversité pour la faune et la flore. Fleurs, fruits, rameaux, bois mort ou encore cavités représentent une source de nourriture pour les insectes pollinisateurs, les oiseaux, les batraciens et les petits mammifères qui peuples nos villes, tout en leur fournissant de nombreux abris.

Créer des micro-forêts en ville permet de créer davantage de corridors biologiques, formant ce qu’on appelle la « trame verte ». Cette notion de « trame », définie par le Code de l’environnement, vise à relier entre eux les différents réservoirs de biodiversité du territoire sans discontinuité. Les animaux ont besoin de circuler pour assurer leur cycle biologique et se protéger des prédateurs ; la micro-forêt urbaine facilite alors leur déplacement au sein des villes, qui représentent un milieu très hostile pour la faune sauvage.

La présence d’arbres en ville permet également de recréer un sol vivant, notamment grâce aux feuilles mortes qui se décomposent en humus et renforcent ainsi la vie des micro-organismes du sol. Face à leur artificialisation croissante, la micro-forêt urbaine est une excellente façon de promouvoir la renaturation des sols urbains.

Dépollution de l’air et de l’eau

Les arbres en ville participent à l’amélioration de la qualité de l’air. Selon l’ONG The Nature Conservancy*, ils peuvent réduire de 20 à 50% les concentrations de particules fines en suspension. Les feuilles d’arbres, recouvertes de poils ou de cire, ont la capacité d’intercepter les polluants aériens tandis que les échanges gazeux entretenus avec l’atmosphère leur permettent d’absorber certains polluants atmosphériques**. Cependant, l’énorme quantité de polluants émis en zone urbaine ne peut en aucun cas être compensée par les arbres seuls, qui doivent être intégrés à une politique globale d’amélioration de la qualité de l’air. Dans la même optique, les racines des arbres contribuent à la protection des sources d'eau potable en filtrant la pollution hydrique, et une infrastructure verte bien conçue peut soutenir le traitement des eaux usées.

*The Nature Conservancy, Planting Healthy Air, a global analysis of the role of urban trees in addressing particulate matter pollution and extreme heat, 2016 **Tels que le dioxyde d’azote ou l’ozone

Gestion durable de l’eau

Grâce à l’incroyable système racinaire des arbres qui permet de fixer le terrain, la végétalisation protège les villes de l’érosion des sols et des glissements de terrain. En outre, la micro-forêt urbaine est particulièrement utile dans la lutte contre le ruissellement de l’eau dû à l’imperméabilisation des sols, un arbre absorbant jusqu’à 150L d’eau par jour*. Comment ? Une partie de l’eau de pluie est directement interceptée par le feuillage des arbres et arbustes, c’est le mécanisme d’interception, et l’autre partie s’infiltre dans le sol via les racines des arbres qui maintiennent sa porosité. De plus, les végétaux consomment l’eau du sol pour croître, évitant ainsi les problèmes de saturation des sols, l’eau de pluie ne s’infiltrant pas ou peu dans un sol déjà saturé en eau.

*Nicolas Martin, 2019  

Bienfaits physiques et psychologiques

Le concept One Health, développé dans les années 2000, met en évidence les relations entre les écosystèmes et la santé humaine. Cette approche globale s’illustre particulièrement bien en région urbaine, où la santé des citadins est fortement liée à l’existence d’espaces boisés.

En se basant sur les données de 2015, année de canicule exceptionnelle, les scientifiques ont estimé qu’un tiers* des décès attribuables à la chaleur pourraient être évités grâce à la plantation d’arbres en ville. Grâce à leur pouvoir dépolluant, les arbres limitent le risque de contracter diverses pathologies causées par la pollution atmosphérique, telles que l’asthme. La micro-forêt urbaine nous offre en outre une protection immunitaire accrue : il a été démontré que, lors d’une journée de randonnée sous les houppiers, le corps humain produit 30%** de cellules immunitaires en plus que lors d’une journée de marche en ville. Avoir accès à un espace végétalisé permet de réduire le stress et l’anxiété, ce qui va de pair avec une diminution du rythme cardiaque et de la pression artérielle. In fine, l’amélioration des conditions physiques des citadins associée à la présence d’une micro-forêt urbaine pourrait augmenter leur espérance de vie de 7 ans***.

Le bien-être des citadins est aussi affecté positivement par les arbres. Assez naturellement, les parcs, jardins et micro-forêts en ville favorisent le lien social et les activités physiques de plein air, en faveur de l’adoption d’habitudes plus saines. De surcroit, les arbres forment une véritable barrière qui, en absorbant l’énergie acoustique, dissipe le bruit ambiant.

*Cooling cities through urban green infrastructure: a health impact assessment of European cities, étude publiée dans le journal medical The Lancet, 2023 **Clemens G.A, L’effet guérisseur de l’arbre, les bénéfices émotionnel, cognitif et physique de la biophilie, Le Courrier du livre, 2016 ***Kardan O. et al., Neighborhood greenspace and health in a large urban center, 2015

Avantages économiques et attractivité

Les nombreux bénéfices listés ci-dessus sont difficilement chiffrables, bien que certains aient fait l’objet d’études plus poussées. Il a notamment été prouvé que l’amélioration du cadre de vie urbain grâce aux arbres peut augmenter la valeur d’un bien immobilier jusqu’à 20%*.

Ensuite, en diminuant la pression sur le système de santé, les zones de verdure permettraient de générer des économies de l’ordre de plusieurs millions d’euros**. Pour terminer, développer et entretenir la forêt en ville induit la création d’un bon nombre d’emplois dans un secteur économique porteur.

Les espaces arborés participent grandement à la diversité et à la qualité des paysages urbains, renforçant dès lors leur attractivité auprès des habitants et des visiteurs. Les différentes catégories de boisements permettent de remédier à la monotonie du « tout béton » tout en structurant les multiples espaces qui composent la ville. Variété de couleurs, de parfums et de formes : la beauté des arbres attire et interpelle.

*FAO, Urban Forestry **Rapport Asterès pour le compte de l’UNEP, Les espaces verts urbains. Lieux de santé publique, vecteurs d’activité économique, 2016

Lutte contre le changement climatique

En stockant du carbone, la micro-forêt urbaine est un des leviers stratégiques d'atténuation et d’adaptation au changement climatique des villes. Un petit arbre peut séquestrer jusqu’à 16kg* de CO2 par an, et un arbre mature peut en absorber jusqu’à 360kg*. En plus de la séquestration carbone générée par la partie aérienne des arbres, la reconstitution des sols permise par leurs racines induit un stockage d’autant plus important de CO2.

*Developpement-durable.gouv.fr

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Alors que les conséquences de l’urbanisation ne peuvent plus être occultées, la micro-forêt urbaine est une fenêtre ouverte sur la ville de demain. Elle offre l’opportunité de repenser l’urbanisme, de créer des alliances entre le minéral et le végétal, de construire des ponts reliant la ville et la campagne. Pourtant, les investissements en faveur de la forêt en ville ne représentent actuellement que 1,3%* du budget des grandes villes françaises. Pour augmenter ce chiffre et diminuer l’empreinte environnementale des villes, la collaboration entre acteurs publics et privés est clé. En partenariat avec de nombreuses communes et entreprises en France et en Europe, Reforest’Action participe au développement de villes plus durables et plus vivables. Découvrez notre offre de plantation de micro-forêts urbaines.

*Unep et Hortis, Jardins & santé : vers des villes saines ?, Observatoire des villes vertes, septembre 2017