Témoins de la déforestation massive et des ravages environnementaux qu’elle engendre, les communautés villageoises s’embarquent auprès du RENASCEDD, notre partenaire technique basé à Conakry, pour restaurer les forêts en Guinée. Initié en 2019 grâce au soutien financier de Reforest’Action, le projet de reboisement est conduit sur le terrain grâce à l’engagement des populations qui en sont directement bénéficiaires.
Depuis 40 ans, la déforestation bouleverse les zones rurales guinéennes
Aux racines de la déforestation en Guinée Conakry
En Guinée Maritime, la forêt dense qui existait autrefois sur la plaine littorale de Guinée a presque disparu - il n’en reste plus qu’une relique dans un site naturellement protégé dans la préfecture de Forécariah. Les mangroves, ces forêts entre terre et mer qui prennent racines le long des littoraux guinéens, sont également menacées de disparition. Parmi les causes principales de la déforestation :
- l’agriculture traditionnelle fondée sur la culture sur brûlis, qui consiste à brûler un pan de forêt pour le convertir en champ cultivable ;
- les plantations de cacaoyers, de palmiers à huile et d’hévéas, tenues notamment par des industries, qui tendent à remplacer le couvert forestier originel ;
- l’extraction artisanale du sel et le fumage de poisson, qui nécessitent l’usage du bois ;
- l’exploitation de la bauxite, dont les mines à ciel ouvert et les routes pour l’acheminement du minerais jusqu’aux ports conduisent au déboisement massif des terres concernées ;
- l’explosion démographique – la population guinéenne a plus que doublé en 40 ans, avec un impact fort sur l’exploitation des ressources naturelles forestières, pour l’alimentation et la vente des produits sur les marchés.
L'impact direct de la déforestation et du réchauffement climatique sur les populations rurales guinéennes
Au sein d’un climat tropical humide comme celui de la Guinée, caractérisé par l’abondance des précipitations, la déforestation entraîne le lessivage des sols, qui ne sont plus abrités par le couvert forestier. Cela provoque une baisse de fertilité des sols due à la difficile reconstitution de l’humus à l’issue des épisodes pluvieux, ainsi qu’une fragilité des sols qui perdent leur aptitude à soutenir une végétation dense et épaisse, et ne sont donc plus favorables à la régénération des forêts déboisées. La disparition des forêts continentales guinéennes pèse ainsi directement sur les communautés locales qui s’appuient notamment sur celles-ci pour se nourrir, tant en fruits qu’en gibier, ainsi qu’à des fins médicinales.
Quant aux mangroves, dont le bois est prisé pour le chauffage et la production du sel, leur recul entraîne à la fois l’érosion des littoraux, la montée des eaux et l’acidification des sols, qui rendent les littoraux de plus en plus difficilement viables et cultivables, ainsi que le tarissement de la biodiversité côtière, essentielle à la sécurité alimentaire des populations.
Aux conséquences de la déforestation se greffent aussi les répercussions du réchauffement climatique – les deux étant liés, puisque la déforestation engendre le relargage atmosphérique du carbone stocké dans les forêts sous forme de gaz à effet de serre, qui alimente lui-même le réchauffement climatique. En Guinée, le changement climatique se traduit notamment par la perturbation du calendrier agricole avec l’extension de la saison sèche, la baisse du rendement agricole et le tarissement des cours d’eau. Autant de conséquences directement palpables au quotidien par les communautés rurales agricoles en Guinée.
C’est dans ce contexte que s’ancre notre projet de reboisement, conduit sur le terrain par le RENASCEDD, une ONG guinéenne. En organisant le reboisement aux côtés des populations locales dans l’objectif d’accroître leur niveau de vie et de restaurer leur environnement, le RENASCEDD vise à promouvoir de meilleures pratiques culturales, telles que l’agroforesterie, pour compenser les effets dévastateurs de la déforestation et du changement climatique.
A Kaback, la disparition des forêts menace l’existence même du village
Kaback, île située à soixante-dix kilomètres de la capitale Conakry, est l’une des localités où prend place le projet de reboisement financé par Reforest’Action et conduit par le RENASCEDD. Composée de vastes plaines rizicoles, l’île est touchée de plein fouet par la déforestation des forêts continentales et des mangroves, surexploitées pour leur bois ou remplacées par des pâturages. Avec elles, c’est leur fonction de rétention des sols et de lutte contre l’érosion des littoraux qui disparaît aussi, exposant aujourd’hui l’île à la montée des eaux, qui menace de faire disparaître progressivement le village de Kaback.
Sur place, les autorités locales se mobilisent aux côtés du RENASCEDD pour impulser le changement dans les pratiques et la mise en place de campagnes de reforestation. Après un premier volet conduit en 2020 et financé par Reforest’Action pour restaurer la mangrove de l’île, en instaurant parallèlement l’interdiction officielle de toute coupe au sein de celle-ci, un second volet débute en 2021 avec le soutien de Reforest’Action, pour restaurer, cette fois, les forêts terrestres de la localité.
Et si l’action même de planter des arbres, conduite de concert par les villageois et les autorités locales, ne durera qu’une saison, le RENASCEDD insiste bien sur la pérennité des communautés elles-mêmes, qui, éduquées à l’importance de protéger ces forêts, perpétueront les bonnes pratiques apprises au cours de ces ateliers auprès des générations futures.
Découvrez en vidéo notre projet de reforestation conduit à Kaback :
Le RENASCEDD prépare la campagne de reboisement 2021
« Il faut reboiser » : cette injonction, dans les paroles de Lansana Youla, sous-préfet de Kaback engagé auprès du RENASCEDD, témoigne de l’intérêt des communautés locales pour la reforestation et de la prise de conscience qui s’opère actuellement au sein de celles-ci grâce à la sensibilisation du RENASCEDD.
La campagne de reboisement 2021 verra la plantation de 150 000 arbres financés par Reforest’Action, dans les régions de Kindia, Boffa, Forécariah (où est située l’île de Kaback), Mamou et Faranah. De multiples essences sont actuellement en cours de production en pépinières et seront plantées d’ici quelques semaines pour contribuer à la restauration des écosystèmes forestiers guinéens et inciter l’adoption de pratiques culturales plus respectueuses des forêts, telles que l’agroforesterie. Parmi ces essences, de nombreux arbres fruitiers (orangers, mandariniers, avocatiers, anacardiers, moringas, nérés, citronniers, corossoliers) mais aussi des arbres à croissance rapide (gmélina, teck), qui fourniront à nouveau aux communautés locales une partie des fruits et du bois nécessaires à leur vie quotidienne, et contribueront à former les forêts guinéennes de demain.
Le projet a besoin de vous pour se développer : contribuez-y dès maintenant en finançant des arbres en Guinée !
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