Reforest’Action / Carole Renner : « Faciliter l’évaluation de l’impact climat et améliorer le design de nos projets de façon continue »
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Carole Renner : « Faciliter l’évaluation de l’impact climat et améliorer le design de nos projets de façon continue »

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Carole Renner, responsable du Pôle Innovation et Impact, a développé la méthode et l’outil de projection carbone Reforest’Action. Elle explique les besoins auxquels répond cet outil ainsi que ce qu’il change, concrètement, dans notre façon de concevoir le design de nos projets forestiers et agroforestiers, et de les valoriser auprès de nos contributeurs.

Quel est le besoin à l’origine du développement de l’outil de simulation carbone Reforest’Action ?

Carole Renner : A l’origine, nous avions travaillé sur un calculateur carbone interne pour estimer les réductions d’émissions ex ante associées à nos projets labellisés Bas-Carbone. A partir de ce premier outil, nous avons eu l’envie d’aller plus loin pour mieux comprendre et valoriser la séquestration carbone sur nos projets forestiers et agroforestiers. Les certifications officielles impliquent une charge administrative et financière qui ne peuvent pas être endossées dans le cas des projets à petite échelle. Or, nous souhaitions malgré tout valoriser ces projets, notamment à travers leur dimension carbone, mais également à travers les autres bénéfices qu’ils fournissent. Notre outil de projection carbone s’intègre ainsi dans un panel d’outils qui s’intéressent aux quatre piliers de multifonctionnalité définis par Reforest'Action et sur lesquels repose la stabilité des écosystèmes : le climat, la biodiversité, le système sol-eau et le bien-être humain. Notre outil carbone sera ainsi prochainement rejoint par un outil biodiversité, actuellement au stade du prototype.

Quelle est l’utilité de cet outil carbone, sa plus-value ?

Carole Renner : La valeur ajoutée de notre outil carbone réside avant tout dans sa capacité à faciliter l’intégration de l’évaluation de l’impact climat dans le quotidien de nos équipes. Facile d’utilisation, notre outil permet de gagner en information sur nos projets. Il ne se conçoit toutefois pas de manière isolée, et n’est que le premier jalon du développement de ce panel d’outils de projection d’impact que j’évoquais précédemment. Cette démarche de mesure d’impact, conçue de façon holistique, nous incite à collecter davantage de données, et ainsi à améliorer notre connaissance des projets. In fine, l’utilisation de nos outils de projection d’impact nous permettra de concevoir des designs de projets de plus en plus adaptés, multifonctionnels, et donc potentiellement stables dans le temps. Cette stabilité des projets est un objectif majeur dans le contexte actuel de changement climatique et considérant les risques de bouleversements sociaux. Elle inclut la résistance de l’écosystème face aux perturbations, mais aussi sa résilience, soit sa capacité à se rétablir après une dégradation. Cette stabilité repose ainsi sur un système sol-eau sain, une biodiversité riche et fonctionnelle, l’amélioration du climat et l’atténuation de son incidence, ainsi que sur la valeur que représente l’écosystème pour les hommes qui l’influencent.

Concrètement, comment l’outil de projection carbone va fonctionner au quotidien ?

Carole Renner : Dès l’identification d’un projet, nos équipes récoltent des informations complémentaires auprès du porteur de projet pour pouvoir effectuer la simulation carbone. Les résultats de cette simulation vont nous permettre d’ajuster et d’améliorer le design et la gestion du projet afin d’optimiser ses impacts. Une fois le design validé avec le porteur de projet, celui-ci est mis en place opérationnellement. La séquestration du carbone doit ensuite être suivie, sur le terrain et par télédétection, au fur et à mesure de la croissance du projet, pour ajuster la projection effectuée initialement. Ces données issues du terrain – aujourd’hui relatives au carbone, demain relatives à l’ensemble de nos indicateurs d’impact – nous permettent d’alimenter nos outils de projection en vue de la conception de futurs projets. Dans une démarche d’amélioration continue, nous gagnons ainsi sans cesse en expérience et en expertise forestière.

Qu’est-ce que cet outil apporte aux entreprises qui financent les projets de Reforest’Action ?

Carole Renner : Grâce à cet outil carbone et à nos autres outils de projection d’impact (biodiversité, socio-économique…), nous voulons embarquer pleinement les entreprises qui financent des projets de régénération d’écosystèmes. En leur fournissant une donnée chiffrée, évaluée avec une méthode validée par un tiers, et suivie dans le temps, nous avançons dans les projets en transparence avec eux, et leur permettons de mieux comprendre l’impact réel de leur contribution. Nos contributeurs n’ont plus seulement le rôle de financeurs : ils sont engagés dans la compréhension des projets qu’ils financent, et de leur influence sur l’environnement et sur les communautés qui y sont connectées. Ces outils de projection d’impact ne sont ainsi pas seulement des outils de modélisation et d’aide à la décision. Ils permettent de mieux comprendre ce qu’implique un travail avec la nature, avec les écosystèmes.