Toute l'actualitéAu Malawi, le projet d’agroforesterie financé par Reforest’Action et conduit sur le terrain par l’ONG Inter Aide vise à augmenter l’autonomie énergétique des communautés locales et soutenir l’agriculture de subsistance en intégrant des arbres en haies bocagères autour des champs cultivés. Riche d’une forte dimension communautaire, le projet accompagne les agriculteurs à chaque étape de la création de ces systèmes agroforestiers, de la production des arbres en pépinières à leur plantation et leur entretien. Conçu pour s’échelonner sur trois ans, le programme, initié en 2021, vise à produire et planter un total de 300 000 arbres au sein de différents villages du district de Lilongwe d’ici 2024.
Lilongwe, une région aride au couvert forestier inexistant
Le Malawi est un petit pays enclavé d’Afrique du Sud-Est, qui partage ses frontières avec la Tanzanie, la Zambie et le Mozambique. Nommé d’après la capitale du pays, le district de Lilongwe présente des paysages de plaines caractérisées par la présence disséminée de collines rocheuses. Dans cette région particulièrement aride, le couvert forestier est rare, voire inexistant. Le projet s’inscrit dans un contexte agricole où la culture du maïs et du soja sont dominantes, souvent en conjonction avec les arachides. Les revenus des communautés locales sont principalement issus de la production de leurs fermes ou de leur travail au sein de propriétés voisines. La faible proportion d’arbres fruitiers associés à ces cultures prend souvent la forme de haies.
Dans ce contexte, tout le sens du projet réside dans l’intégration de l’arbre en agroforesterie pour faire rempart à la désertification, produire durablement du bois dans une région qui manque d’autonomie énergétique, et pour soutenir les moyens de subsistance des communautés locales. Le projet s’inscrit en outre dans la stratégie nationale de restauration des paysages forestiers qui vise à atteindre une couverture forestière de 10% sur 80% des terres cultivées du Malawi d’ici 2030.
L’agroforesterie au service de la production durable de bois et la protection des cultures de subsistance
Riche d’une forte dimension communautaire, la démarche initiée en 2021 grâce à l’accompagnement de Reforest’Action a pour objectif de créer des systèmes agroforestiers aux côtés des agriculteurs de plusieurs localités du district de Lilongwe. Il est conçu pour s’échelonner sur trois ans et vise à produire et planter un total de 300 000 arbres d’ici 2024.
Sur le terrain, le projet est implémenté par l’ONG Inter Aide, qui forme des communautés rurales du Malawi à la création de pépinières et à la plantation d'arbres depuis 1997 et est ainsi doté d’une excellente connaissance du terrain et de relations de confiance avec les autorités locales et les fermiers. Au total, six essences ont été retenues dans le design du projet :
- Senna spectabilis, un arbre aux fleurs mellifères particulièrement appréciées des pollinisateurs
- Senna siamea, un arbre d’ombrage résistant à la chaleur, dont la croissance rapide permet de produire durablement du bois via l’élagage
- Acacia polyacantha, un arbre natif des régions sahéliennes jusqu’aux régions tropicales du continent, apprécié en agroforesterie pour sa capacité à enrichir les sols pauvres et à produire du bois de chauffe
- Albizia lebbeck, un arbre réputé pour son bois particulièrement dense, surnommé « bois noir »
- Khaya nyasica, un arbre de haut jet, natif d’Afrique de l’Est et à croissance rapide, connu également sous le nom d’acajou d’Afrique et utile pour apporter de l’ombrage aux cultures sous-jacentes et produire du bois d’œuvre
- Faidherbia albida, un arbre natif d’Afrique sahélienne, particulièrement remarquable par sa phénologie inversée qui permet d’optimiser le rendement des cultures, nourrir de ses feuilles le bétail et lutter contre l’érosion des sols. Doté de feuilles en saison sèche, il permet de nourrir les animaux grâce à son fourrage et à ses gousses. A l’inverse, lors de la saison des pluies (décembre-janvier au Malawi), il se défeuille entièrement et permet aux cultures sous-jacentes d’être correctement nourries par les pluies et la lumière.
Ces essences ont été sélectionnées pour leur adaptation à des conditions pédoclimatiques arides et leur capacité à former des haies bocagères autour des terres agricoles dégradées.
Les bénéfices projetés sont multiples et seront suivis dans la durée :
- production de bois énergie pour l’amélioration de l’autonomie énergétique des ménages,
- restauration des fonctions environnementales des parcelles cultivées,
- lutte contre l’érosion des sols cultivés,
- préservation de la biodiversité grâce au couvert végétal,
- augmentation des rendements agricoles.
Un bilan positif à l’issue des deux premières années de déploiement du projet
En août 2023, une mission d’audit conduite par Reforest’Action a permis notamment de vérifier :
- l’état d’avancement du projet et la géolocalisation des parcelles,
- le nombre d’arbres plantés, la densité, et la diversité des essences,
- le taux de réussite des plantations,
- le niveau de technicité du porteur de projet en termes de planification, structuration, préparation des sols, transports des plants, collecte des déchets, etc.
- l’engagement des communautés locales au sein du projet,
- et leur perception de ses bénéfices socio-économiques.
Deux années de développement du projet ont déjà permis la plantation de 214 060 arbres au sein des localités de Chidambayila, Chikanga, Chilembwe, Chizinga et Mgombo. Au total, 1567 familles ont participé à la production des arbres au sein d’une trentaine de pépinières communautaires dédiées à partir de graines originaires du Malawi. Elles ont ensuite bénéficié de la plantation des arbres sur leurs terres agricoles ou leurs propriétés familiales.
L’une des forces du projet est sans contexte son approche communautaire, qui vise à être reproductible par les agriculteurs au-delà même des trois saisons prévues du projet. Grâce à un programme de formations délivrées par Inter Aide aux communautés locales, celles-ci seront en mesure de mettre en application leurs connaissances relatives à la production de semis, à la conception des haies et à l’entretien des arbres plantés, pour poursuivre l’ambition initiale de ce programme et contribuer à augmenter leur autonomie énergétique et à protéger leur agriculture de subsistance.
La troisième saison du projet est en cours et devrait permettre la plantation de 85 940 arbres supplémentaires d’ici 2024.
