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Rapport de l’ONU sur les objectifs de développement durable, 2023 : l’urgence d’un plan de sauvetage pour l’humanité et la planète

Stratégie et RSE
Climat et Biodiversité

Dans son rapport 2023 sur les Objectifs de développement durable (ODD), l'Organisation des Nations Unies tire la sonnette d’alarme appelant à un plan de sauvetage pour l’humanité et la planète. Sur plus de 50 % des cibles des ODD , les progrès apparaissent faibles et insuffisants - huit ans après leur adoption et sept ans avant leur terme. A la mi-parcours de la mise en œuvre du Programme 2030, des actions urgentes, renforcées et coordonnées de la part des acteurs publics et privés, deviennent indispensables. Des financements et investissements apparaissent plus que jamais nécessaires.

Les idées clés du rapport

1° Les ODD sont en péril :

Sur les quelques 140 cibles évaluées, plus de 30% n'ont enregistré aucun progrès ou, pire encore, une régression en dessous du niveau de référence de 2015. Les perturbations causées par des crises multiples ont aggravé les problèmes de marge de manœuvre budgétaire dans les pays à faible revenu (PFR) et dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (PRITI), ce qui a entraîné une inversion des progrès pour plusieurs objectifs et indicateurs.

2° Pour un plan de relance :

L'Agenda 2030 est toujours considéré comme le schéma directeur. Toutefois un plan de sauvetage pour les personnes et la planète doit encourager des changements fondamentaux en matière d'engagement, de solidarité, de financement et d'action. Pour atteindre les ODD, le monde doit à la fois modifier ses schémas d'investissement actuels et augmenter le volume global des investissements. L'objectif urgent de la relance consiste à remédier au déficit chronique de financement international des ODD auquel sont confrontés les pays à faible revenu (PFR) et les pays à revenu faible-moyen (PRFM), et à augmenter les flux de financement d'au moins 500 milliards de dollars d'ici à 2025.

3° La contribution du secteur privé

Le rapport présente un plan en six points afin de réformer l’architecture financière mondiale - publique et privée, tout en mettant en œuvre le Plan de Relance des ODD. Il suppose notamment d'augmenter considérablement le financement des gouvernements nationaux et infranationaux et des entreprises privées afin de réaliser les investissements nécessaires pour atteindre les ODD. Le plan prévoit aussi de créer des critères ambitieux et internationalement acceptés pour la finance durable, obligatoires pour toutes les institutions financières publiques. De plus, il envisage l'alignement des flux d'investissement des entreprises privées sur les ODD, en améliorant la planification, la réglementation, les rapports et la surveillance au niveau national.

Le secteur privé peut ainsi contribuer à travers huit grands types d'immobilisations complémentaires : le capital humain, l'infrastructure, le capital naturel, le capital d'innovation, le capital commercial, le capital social, les statistiques non traditionnelles et les voies scientifiques.

Focus sur l’état d'avancement des ODD concernant les écosystèmes forestiers

Parmi les ODD étudiés dans le rapport, certains concernent soit directement les écosystèmes forestiers, soit plus indirectement les enjeux socio-économiques ou la ville (comme dans le cas des forêts urbaines). C’est le cas notamment de :

ODD n° 15. La vie sur terre :

La disparition des forêts, la dégradation des sols et l'extinction des espèces constituent toujours des menaces majeures pour la planète et les populations. Le risque d'extinction des espèces de mammifères, d'oiseaux et d'amphibiens s'est accéléré d'environ 11 % depuis 1993. Stopper et inverser la perte de biodiversité exige une approche globale combinant mesures réglementaires et volontaires, tout en mobilisant et en alignant le financement pour la biodiversité. Les tendances alarmantes de la dégradation des terres exigent aussi une action urgente : entre 2015 et 2019, au moins 100 millions d’hectares de terres saines et fertiles ont été dégradés chaque année, nuisant à la sécurité alimentaire et hydrique à l’échelle mondiale.

ODD n° 13. Action en faveur du climat :

Pour limiter le réchauffement à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) doivent être réduites de près de la moitié d'ici à 2030. Or, dans le cadre des engagements actuels de zéro net des 193 pays signataires de l'Accord de Paris, seule une diminution de 0,3 % est prévue dans ce laps de temps. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat a appelé à une réduction immédiate, profonde et durable des émissions mondiales de GES dans tous les secteurs. Les phénomènes météorologiques extrêmes se multiplient déjà. De plus, les effets inégaux de la crise climatique sur les pays en développement sont considérés comme particulièrement préoccupants.

ODD n° 6. Eau potable et assainissement :

Pour parvenir à une couverture universelle d'ici à 2030, il faudra multiplier par 6 les taux actuels de progrès dans le domaine de l'eau potable, par 5 dans celui de l'assainissement et par 3 dans celui de l'hygiène. Rappelons que les forêts et les arbres apportent des contributions vitales à la fois aux populations et à la planète en purifiant l’air et l’eau.

ODD n° 11. Ville et communautés durables :

Les villes restent confrontées à des défis tels que l'étalement urbain, la pollution de l'air et le manque d'espaces publics ouverts. Les efforts doivent porter sur l'élaboration de politiques urbaines inclusives, résilientes et durables qui fournissent des services de base, des logements abordables et des transports efficaces.

ODD n° 2. Faim « Zéro » :

L’aide et les dépenses publiques pour l’agriculture diminuent malgré la crise alimentaire mondiale croissante. L’investissement dans l’agriculture est crucial pour améliorer l’efficience, la productivité et la croissance des revenus mais aussi pour lutter contre la pauvreté et la faim.

La nécessité d’agir en faveur des écosystèmes forestiers pour répondre aux ODD

Les ODD offrent aux entreprises, notamment, la possibilité de démontrer la valeur sociale et environnementale qu'elles apportent en soutenant les écosystèmes forestiers.

Par exemple, les forêts contribuent à la réalisation des objectifs de développement durable en ce qui concerne la garantie des moyens d’existence dans la lutte contre la pauvreté et la sécurité alimentaire (ODD n° 1 et 2) mais aussi la bonne gestion de l’eau (ODD n° 6) ou l’action en faveur du climat (ODD n°13). Elles permettent d’enrayer et d’inverser le processus de dégradation des terres (cible 15.3 des ODD) et de mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité (cibles 15.1, 15.4, 15.5, 15.9 et 15.a des ODD).

Il faut surtout synchroniser les mesures portant sur les forêts, l’agriculture, l’alimentation, l’utilisation des terres, le développement rural et le développement national. Une telle approche intégrée est indispensable pour progresser dans la réalisation des cibles des ODD, comme l’avait déjà signalé les nations unies (FAO) en 2018 .

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Il ne reste que sept ans pour que l’ensemble des parties prenantes agissent d’une façon responsable dans leur mise en œuvre du Programme 2030. Un Sommet sur les objectifs de développement durable sera ainsi convoqué les 18 et 19 septembre 2023 afin de « marquer le début d’une nouvelle phase de progrès accélérés dans la réalisation des objectifs de développement durable » . Des mesures telles que la mise en place d’innovations règlementaires alignant les modèles de gouvernance du secteur privé sur les cibles des ODD pourraient entraîner des changements substantiels si elles sont mises en œuvre assez rapidement. « Si nous n’agissons pas maintenant, le Programme 2030 deviendra l’épitaphe d’un monde qui aurait pu être. » — António Guterres, Secrétaire général de l’ONU.

Photo ONU : Matthew TenBruggencate