La projection des impacts générés par nos projets forestiers et agroforestiers et leur mesure dans le temps constituent l’un des piliers de notre action. L’innovation technologique nous ouvre aujourd’hui de nouvelles perspectives, complémentaires au suivi sur le terrain. Développé en interne par le Pôle Innovation et Impact, notre outil de projection ex ante de la séquestration carbone de nos projets applique des méthodologies internationales reconnues. Depuis septembre 2023, cet outil et la méthode qu’il applique sont validés par Bureau Veritas. Il sera complété par d’autres outils de projection actuellement en cours de développement, qui évalueront l’impact des projets sur la biodiversité, la sphère socio-économique, le sol et l’eau, ainsi que leur potentielle stabilité.
Une méthode et un outil validés par Bureau Veritas
Reforest’Action développe une méthode et un outil de projection carbone
Pour mener au mieux sa mission de régénération des écosystèmes, Reforest’Action s’appuie sur son expérience du terrain mais aussi sur la science et la technologie. En interne, notre Pôle Innovation et Impact a pour mission d’estimer et mesurer les bénéfices environnementaux et socio-économiques de nos projets dans la durée. Depuis 2023, nos indicateurs d'impacts sont définis dès la phase de conception des projets en fonction de leur contexte, de leur typologie et leurs enjeux. Ils se répartissent au sein des quatre piliers de multifonctionnalité définis par Reforest'Action, sur lesquels repose la stabilité des écosystèmes : le climat, la biodiversité, le système sol-eau et le bien-être humain. Dans l’optique d’optimiser le design des projets et de mesurer leur impact sur le climat en particulier, le Pôle Innovation et Impact de Reforest’Action travaille depuis 2022 à l’élaboration d’une méthode et d’un outil de projection de la séquestration carbone. Ce simulateur est opérationnel depuis l’été 2023. Il permet de projeter la séquestration carbone de nos projets forestiers et agroforestiers, en zones tempérées et tropicales, en ex ante (c’est-à-dire avant que cette séquestration n’ait eu lieu). Autrement dit, l’outil a pour objectif de fournir une estimation du potentiel de stockage du carbone pour chaque projet en fonction de sa conception et de sa localisation, et donne un résultat estimé du nombre de tonnes équivalent CO2 séquestrées sur 30 ans. Dans un second temps, les données collectées lors du monitoring à long terme des projets permettront de confirmer ou d’ajuster cette trajectoire de stockage de carbone et d'améliorer les données d'estimation utilisées par l'outil. Afin d’obtenir la validation d’un tiers indépendant quant à la conformité de l’outil avec les standards internationaux, nous avons sollicité un audit externe réalisé par Bureau Veritas, qui s’est montré particulièrement sensible à la vision durable des écosystèmes et de la préservation de la biodiversité de Reforest’Action, et au caractère engageant et ambitieux de notre projet.
La validation de Bureau Veritas, gage de la conformité de l’outil carbone Reforest’Action
Bureau Veritas Certification est un organisme spécialisé dans la réalisation d’audits, dans le respect de processus de certification reconnus, en s’appuyant sur des normes internationales ou sur des référentiels particuliers. Sollicité par Reforest’Action pour la validation de son outil de projection carbone, Bureau Veritas a, en premier lieu, procédé à un audit technique et opérationnel de la méthode développée par Reforest’Action ainsi que de l’outil lui-même. A la suite de recommandations formulées par Bureau Veritas et appliquées par le Pôle Innovation et Impact de Reforest’Action pour améliorer l’outil, les auditeurs ont formulé un avis favorable. Dans un second temps, un comité de validation s’est tenu le jeudi 21 septembre 2023 en présence des auditeurs de Bureau Veritas ainsi que de parties prenantes externes, dont notamment Corinne Lepage, ancienne ministre de l'Environnement et députée européenne, et trois autres collaborateurs du cabinet d’avocats en droit de l’environnement Huglo Lepage. A l’issue de ce comité, Reforest’Action a reçu une attestation de validation de sa méthode et de son outil de calcul, délivrée par Bureau Veritas dans le cadre de la norme ISO 14064-3 qui s’applique à la quantification des émissions ou du stockage des gaz à effet de serre.
Comment Reforest’Action applique la projection carbone à ses projets forestiers ?
Sur quels référentiels reposent la méthode et l’outil de simulation carbone Reforest’Action ?
Notre méthode s’appuie sur deux référentiels du Clean Development Mechanism (CDM), premier système international de finance carbone développé dans le cadre du protocole de Kyoto par l’Organisation des Nations Unies (ONU) : la méthodologie AR-ACM0003, qui s’applique aux projets de boisement et de reboisement des terres émergées (hors zones humides), et la méthodologie AR-AM0014, qui s’applique aux projets de boisement et de reboisement des écosystèmes dégradés de mangroves. Ces méthodologies définissent des règles d’évaluation de la séquestration des gaz à effet de serre qui peuvent s’appliquer à différents types d’écosystèmes : forêts exploitées ou secondaires, écosystèmes agroforestiers ou mangroves. Grâce à des itinéraires de croissance et de gestion définis pour chaque essence d’arbre, elles permettent d’estimer la biomasse (volume de bois vivant) présente sur un projet au cours du temps et d’en déduire la quantité de carbone séquestré aux différents stades de maturité du projet. L’outil de simulation carbone Reforest’Action restitue ces méthodologies internationales en les appliquant à nos besoins opérationnels internes. Il a été développé par Carole Renner, au sein du Pôle Innovation et Impact, puis digitalisé afin d’être efficient pour l’ensemble des équipes techniques de Reforest’Action. Notre méthode d’évaluation respecte les critères de qualité du marché carbone volontaire que sont :
- L’additionnalité : la séquestration carbone n’aurait pas lieu sans la mise en place du projet
- La mesurabilité : le carbone stocké est quantifié selon des méthodologies approuvées par un standard international
- La permanence : le stockage du carbone est pérenne et irréversible sur une durée minimum de 30 ans
- La validation par un tiers indépendant : la méthode et l’outil de projection sont validés par un tiers agréé
Quels sont les prérequis à toute simulation carbone sur nos projets ?
Avant toute estimation ex ante de la séquestration carbone permise par nos projets forestiers et agroforestiers, trois préalables sont nécessaires.
- La stratification des projets. Dans la mesure où chaque simulation doit avoir lieu sur des parcelles homogènes en termes de conception du projet, de conditions initiales et de conditions pédo-climatiques, il s’agit premièrement de stratifier les projets – autrement dit, de les découper, si besoin, en plusieurs sous-parcelles homogènes.
- La définition d’un buffer. Afin de représenter les risques de non-permanence du projet (par exemple, en raison d’un incendie ou d’un aléa climatique), un buffer doit être établi pour réduire la valeur finale de séquestration de tonnes équivalent CO2. Il s’agit, en d’autres termes, d’un « rabais » qui peut être calculé, par exemple, grâce aux lignes directrices de l’outil AFOLU Non-Permanence Risk Tool, fourni par le standard carbone international VCS (Voluntary Carbon Standard). Par défaut, Reforest’Action applique une valeur tampon de 20%. Il s’agit d’un buffer conservateur, qui tient compte de notre expérience de la certification carbone.
- La définition d’un scénario de référence et d’un scénario de projet. Un « scénario de projet » doit être défini et comparé à un « scénario de référence », qui correspond à l’évolution du site en l’absence de projet. La comparaison entre le scénario de référence et le scénario de projet permet d’estimer la séquestration additionnelle permise par le projet, et ainsi de ne pas surestimer l’impact réel du projet sur le climat.
Au sein d’un projet Reforest’Action, quels éléments sont inclus dans le calcul du CO2 stocké ?
Les éléments qui contribuent à la séquestration de carbone dans le cadre du scénario de référence et du scénario de projet, appelés « puits de carbone » ou « compartiments de séquestration », sont les suivants :
- La biomasse aérienne, c’est-à-dire la biomasse ligneuse vivante au-dessus du sol, incluant le tronc et les branches des arbres et arbustes. La méthodologie de calcul du carbone séquestré par la biomasse aérienne varie en fonction de la typologie du projet (forêts exploitées ou secondaires, écosystèmes agroforestiers ou mangroves).
- La biomasse souterraine, c’est-à-dire toute la biomasse de racines vivantes, estimée grâce à une équation recommandée par le GIEC pour tous les types de projets (sauf les mangroves pour lesquelles une équation différente s’applique en raison de la spécificité de leur système racinaire).
- Le carbone organique des sols, c’est-à-dire le carbone séquestré notamment lors de la décomposition des végétaux dans le sol, et qui constitue en moyenne 50% de la matière organique du sol (devant l’oxygène, l’hydrogène, l’azote et le soufre). Ce calcul dépend du type de sol ; tous les facteurs et références utilisés pour cette estimation sont fournis par la méthodologie CDM.
- Les produits bois (bois destiné à produire de l’énergie, du papier, des constructions légères ou bois d'œuvre) issus de la récolte des forêts ; ce compartiment de séquestration est pris en compte uniquement dans le cas des projets concernant des forêts exploitées. La durée de la poursuite du stockage du carbone dans les produits bois dépend de leur qualité, et est modélisée grâce à l'équation recommandée par la Commission européenne.
- Le bois mort, constitué des arbres morts sur pied ou au sol et des racines mortes ; et la litière, constituée principalement de feuilles, aiguilles et branches mortes couvrant le sol forestier. Ces deux compartiments, optionnels pour le scénario de référence comme pour le scénario de projet, sont comptabilisés en proportion de la biomasse vivante, en fonction des caractéristiques climatiques.
Les éléments qui contribuent à libérer du carbone dans le cadre d’un scénario de projet sont également pris en compte pour évaluer la quantité de CO2 qui risque d’être relarguée dans l’atmosphère :
- La combustion de la biomasse ; celle-ci est prise en compte dans les estimations ex ante en cas d’utilisation du feu pour la préparation des sites ou pour le défrichage des résidus. Le calcul concerne alors uniquement les émissions de gaz à effet de serre hors CO2, puisque les émissions de CO2 sont déjà comptabilisées comme une perte de biomasse.
- Les fuites de gaz à effet de serre (leakage) ; celles-ci se produisent lorsque des activités antérieures au projet doivent être déplacées pour la mise en œuvre de celui-ci, et émettent davantage de gaz à effet de serre du fait de ce déplacement (dans le cas, par exemple, du déplacement d’un bétail qui entraînerait un surpâturage sur le site d’accueil).
Via l’outil de projection carbone Reforest’Action, les absorptions nettes de gaz à effet de serre sont ainsi calculées pour l’ensemble de ces éléments qui, dans le scénario de référence et dans le scénario de projet, contribuent à la séquestration de carbone. L’objectif est de ne prendre en compte, in fine, que les absorptions supplémentaires de gaz à effet de serre permises par les activités du projet. Concrètement, après la saisie de toutes ces informations, l’outil effectue donc une projection du nombre de tonnes équivalent CO2 séquestrées par un projet au cours du temps, pour restituer la valeur à 30 ans.
La projection carbone va désormais être proposée à l’ensemble de nos clients qui souhaitent contribuer à la régénération des écosystèmes. Sur chaque projet financé, Reforest’Action indique l’estimation ex ante du nombre de tonnes équivalent CO2 séquestrées sur 30 ans, et propose de vérifier, à postériori, grâce à des données collectées sur le terrain et par télédétection, que la trajectoire du stockage de carbone est bien conforme à son estimation initiale. Cette évaluation ex post pourra être confirmée par un audit Bureau Veritas mandaté par Reforest’Action. C’est ainsi qu’en septembre 2023, de premiers contributeurs se sont engagés à financer des projets Reforest’Action sur lesquels les courbes de séquestration carbone ont été modélisées via notre outil. Bien que celui-ci ne délivre pas de crédits carbone, il permet toutefois aux entreprises qui souhaitent s’engager dans une approche de contribution climatique de comprendre l’impact des projets qu’elles soutiennent. C’est ce que propose Reforest’Action avec l’appui de Bureau Veritas, dans le cadre de la norme internationale ISO 14064-3.