Toute l'actualitéSolution complémentaire à la plantation, la Régénération Naturelle Assistée (RNA) est un mode de gestion forestière douce permettant de préserver et de renforcer les forêts existantes, grâce à des travaux d’entretien forestier qui respectent et imitent au mieux le cycle naturel de reproduction des arbres. Cette méthode privilégie ainsi la régénération progressive de la forêt et donc la préservation de la biodiversité et de la fonction de stockage de carbone des sols tout au long du processus. Au sein d’une parcelle forestière dégradée qui nécessite d’être restaurée, comment s’effectue le choix de l’itinéraire sylvicole entre la plantation, la RNA ou une combinaison de ces deux solutions ? Concrètement, en quoi consistent les travaux de RNA ? Pourquoi la RNA est-elle de plus en plus plébiscitée ? Autant de questions auxquelles répond Reforest’Action, expert de la restauration des forêts partout dans le monde.
Qu’est-ce que la RNA ?
La Régénération Naturelle Assistée (RNA) est une méthode de restauration des écosystèmes forestiers qui consiste à intervenir au sein de forêts existantes qui présentent des signes de régénération, toutefois insuffisants pour garantir à eux seuls le renouvellement de la forêt et le maintien de ses services écosystémiques. C’est une méthode douce de gestion sylvicole qui respecte le cycle naturel de la forêt, qui préserve au mieux le sol et la biodiversité existante, et qui est moins coûteuse que des travaux de plantation.
Concrètement, en quoi consistent les travaux de RNA ?
Concrètement, les travaux de RNA impliquent d’identifier des jeunes pousses d’essences différentes déjà présentes naturellement dans le sol, et de les protéger pour qu’elles grandissent, en éliminant les obstacles qui menacent leur croissance. La régénération naturelle assistée d’une forêt s’inscrit dans le temps et demande une quinzaine d’années environ. Elle permet de rendre la forêt plus diversifiée et plus résiliente dans le futur.
Respecter et imiter le cycle naturel de reproduction des arbres
Au printemps et à l’été, la forêt assure la fécondation des arbres grâce à la floraison. Les fruits qui apparaissent ensuite tombent de l’arbre lorsqu’ils sont matures. Les graines contenues dans les fruits se logent dans le sol et germent lorsque les conditions idéales de lumière, de température et d’humidité sont réunies. Ces graines donnent naissance à de nombreux semis d’arbres de quelques centimètres de haut. Cependant, en fonction de la taille et de la densité des arbres adultes qui surplombent les jeunes pousses, celles-ci peuvent manquer d’espace et de lumière, ce qui les empêchent de croître.
L’accompagnement du forestier dans la régénération de la forêt
Dans le cadre d’un projet de RNA, le forestier accompagne la forêt pour lui permettre de se régénérer dans des conditions optimales. Son objectif est de favoriser les jeunes pousses de belle qualité et de leur apporter la lumière et l’espace nécessaire, afin qu’elles se développent le mieux possible. Tout en veillant à maintenir des essences minoritaires pour conserver la diversité de la forêt, un travail est également effectué pour orienter la sélection des essences en faveur de celles qui ont une meilleure probabilité d’évolution et qui sont les plus adaptées au changement climatique. Pour ce faire, le forestier va observer avec attention l’évolution de la forêt et exécuter au fil du temps divers travaux forestiers (débroussaillage, élagage, prélèvement d’arbres vieillissants…) qui permettront aux pousses les plus prometteuses de croître grâce au gain d’espace et de lumière.
Pourquoi la RNA est-elle privilégiée au sein de certaines parcelles forestières dégradées ?
Le choix entre la méthode de plantation ou la méthode de RNA dépend du type de la parcelle forestière et de l’historique de la forêt à restaurer. En France, et plus généralement en Europe, l’enjeu consiste à faire face à la dégradation forestière, et non à la déforestation qui implique des parcelles mises à nu. Face à l’aggravation des aléas naturels et climatiques et à l’accentuation de leur fréquence, la RNA, lorsque la situation le permet, apparaît comme la méthode la plus adaptée pour restaurer des forêts dégradées. Le financement des travaux de RNA permet de plus d’encourager des cycles plus long et une gestion plus durable. Il est donc courant que Reforest’Action apporte son soutien à des projets de RNA en zones tempérées.
Dans quelles situations la plantation d’arbres est-elle nécessaire ?
Les travaux de RNA ne peuvent pas avoir lieu au sein d’une parcelle qui n’a pas la capacité de se régénérer naturellement, c’est-à-dire une parcelle qui est dénuée de semis issus des graines tombées des arbres adultes. Par ailleurs, certaines forêts nécessitent l’intégration de nouvelles essences, pour leur permettre de s’adapter aux changements climatiques et de mieux faire face, notamment, aux sécheresses et aux maladies. La plantation d’arbres issus de pépinières est alors bel et bien nécessaire, de même qu’au sein de parcelles fortement dégradées par des incendies ou des attaques d’insectes, qui ne peuvent se régénérer naturellement. Dans certains cas (comme celui d’une forêt affectée par une sécheresse, par exemple), il est possible d’associer la RNA à un enrichissement du peuplement via la plantation d’essences diversifiées.
Quand et pourquoi faut-il privilégier la RNA pour régénérer une forêt ?
La RNA est privilégiée pour accompagner l’allongement des cycles sylvicoles dans le cadre d’une gestion plus progressive, et pour régénérer des peuplements dégradés qui présentent tout de même des signes de renouvellement naturel. Cette méthode permet de favoriser la croissance des jeunes pousses et garantir un mélange d’essences présentes sur les parcelles, dans l’objectif d’améliorer la biodiversité et la résilience de la forêt face aux aléas et maladies. En termes d'impact, la RNA est la méthode la plus douce et respectueuse du cycle naturel de reproduction des arbres. Elle permet de valoriser l'existant pour préserver et renforcer le patrimoine forestier. Par rapport à des travaux de plantation, la RNA a donc un impact plus favorable sur la préservation de la biodiversité et des sols.
Quels sont les avantages de la RNA ?
La RNA joue un rôle essentiel dans la réalisation des objectifs mondiaux relatifs au climat, à la biodiversité et à la restauration des écosystèmes. Selon les estimations du World Resources Institute (WRI), les forêts peuvent être restaurées grâce à la RNA pour moins d’un tiers du coût de la plantation, de façon plus rapide et avec plus de chance de succès grâce à la valorisation de l’existant.
La RNA est plus adaptée que la plantation dans certaines situations
Au sein de parcelles présentant déjà des signes de régénération naturelle, la RNA est plus adaptée que la plantation pour restaurer les écosystèmes forestiers. En France et en Europe, où les forêts sont touchées par un phénomène de dégradation notamment dus aux aléas climatiques ou naturels, il est fréquent qu’une parcelle forestière soit partiellement affectée par ces aléas mais présente malgré tout des signes de régénération. La RNA est alors pertinente pour accompagner cette régénération. Il est possible également d’opter pour une combinaison de RNA et de plantation afin de préserver et de restaurer au mieux les forêts dégradées.
La RNA est plus viable et moins risquée que la plantation
Au sein d’un projet de restauration forestière via la plantation d’arbres, le risque de mortalité des arbres est plus élevé qu’au sein d’un projet de RNA, qui vise à protéger les arbres d’avenir déjà présents dans les sols à l’état de jeunes pousses, et qui sont identifiés avec soin par le forestier afin d’augmenter la réussite du projet. La RNA permet par ailleurs de s’affranchir des pénuries et des fluctuations des prix des plants en pépinières, ainsi que des aléas climatiques de plus en plus fréquents et violents, tels que les sécheresses ou les inondations qui pénalisent parfois les projets de plantation classiques.
La RNA permet de renforcer la multifonctionnalité des forêts sans perturber leur cycle naturel
La RNA permet d’éviter les coupes rases et les sols nus, et donc de préserver la biodiversité et la fonction de stockage de carbone des sols tout au long du processus. Au sein d’un projet de RNA, Reforest’Action encourage également les forestiers à laisser des volumes de bois mort au sein de la parcelle, afin qu’ils puissent contribuer au développement de la biodiversité de la faune et de la flore. La RNA permet ainsi de renforcer la multifonctionnalité des forêts – c’est-à-dire l’ensemble des bénéfices environnementaux, sociaux et économiques qu’elles produisent – sans perturber leur cycle naturel.
La RNA est une approche écoresponsable de la gestion forestière, qui permet la restauration et le renforcement des écosystèmes forestiers. D’une part, cette méthode permet d’éviter les coupes rases et les sols nus, de privilégier la régénération progressive de la forêt et donc de préserver la biodiversité et la fonction de stockage de carbone des sols tout au long du processus. D’autre part, elle permet de recréer de véritables forêts multifonctionnelles, qui sont sources de nombreux bénéfices au-delà du maintien de la biodiversité : production de bois, stockage du carbone, régulation du cycle de l’eau…
Chez Reforest’Action, la diversité des solutions répond à la diversité des besoins des forêts, avec des objectifs communs : rendre les forêts plus résistantes, développer leur multifonctionnalité, et préserver et développer les puits de carbone et de biodiversité de demain. La RNA correspond donc pleinement à l’ambition environnementale et écologique de Reforest’Action et des forestiers avec qui nous collaborons. Notre objectif est d’accompagner la démarche de la RNA sur plusieurs années au sein de nos projets concernés pour s’assurer de leur bon développement, tout en priorisant la diversité des essences d’arbres représentées au sein de la forêt en régénération.