Le jeudi 23 mars 2023 a marqué le lancement du projet MuLaKiLa dans l’ouest du Rwanda, dont l’ambition est de renforcer la résilience de la zone concernée face au changement climatique. Le Rwanda, qui souffre des conséquences du dérèglement planétaire, se tourne petit à petit vers une utilisation pérenne des terres qui permettra de garantir des moyens de subsistance suffisants et de diversifier les sources de revenus de la population. À travers ce projet, plusieurs acteurs s’unissent en faveur de du financement et de la mise en place de pratiques agricoles durables autour de la forêt de Mukura et du lac Kivu.
Lancée officiellement en mars 2023, la première saison du projet MuLaKiLa prend racine dans l’ouest du Rwanda, au cœur d’un paysage verdoyant composé de la forêt de Mukura et du bassin versant du lac Kivu. Il s’agit de l’une des plus grandes initiatives de restauration communautaire du pays, dont le principal objectif est de promouvoir la durabilité de 20 000 hectares de systèmes agricoles composés de cultures maraichères et de cultures pérennes (café, thé). Impliquant un panel de parties prenantes locales, ce projet d’envergure agit comme un véritable catalyseur en faveur de la durabilité des écosystèmes naturels et de leur intégrité, tout en répondant aux besoins des communautés qui en dépendent.
Démarrage officiel du projet
Le 23 mars 2023, quelques jours après la célébration des Journées internationales des forêts, de l’eau et de la météo, le lancement du projet MuLaKiLa a donné lieu à un événement officiel à Kigali, rassemblant de nombreux acteurs nationaux et internationaux. Le gouvernement rwandais, représenté entre autres par le ministère de l’Environnement et par l’Autorité rwandaise de gestion de l'environnement (REMA), était présent pour l’occasion. Le secteur privé était également convié et des entreprises locales de thé dont la Rwanda Mountain Tea Company ont, elles aussi, fait le déplacement. Plusieurs organisations mondiales ont pris part à l’événement, telles que l’UICN* et le WRI**. Ce kick-off fédérateur a notamment permis de renforcer la feuille de route à long terme du projet et d'engager les parties prenantes dans des discussions fructueuses qui contribueront à sa réussite.
*UICN = Union internationale pour la conservation de la nature ** WRI = World Resources Institute
Pour concrétiser ce démarrage, trois membres de l’équipe de Reforest’Action, Delphine, Carbon Project Manager, Marie, Consultante Senior Solutions Climat & Biodiversité, et Lisa, Responsable Mesure d'Impact, ont continué leur séjour vers la zone du projet. Accompagnées de notre partenaire local ARCOS, elles sont allées à la rencontre des communautés pour poser les premières pierres d’une collaboration prometteuse.
Le Rwanda, terre de résilience
Enclavé entre la République Démocratique du Congo et la Tanzanie, le Rwanda est un petit État des hauts plateaux d’Afrique centrale. Riche de ses paysages fertiles, vallonnés et verdoyants, le pays « aux mille collines » n’a rien à envier à ses voisins.
Terre de toutes les couleurs, le Rwanda renferme certains des écosystèmes naturels les plus remarquables du continent africain. Le vert domine l’horizon. Au nord, le célèbre parc national des volcans, où le mont Karisimbi culmine à plus de 4 500 mètres d'altitude, abrite sur ses flancs plusieurs familles de gorilles des montagnes et de singes dorés. On trouve, au sud, l’une des dernières forêts primaires d’Afrique, au cœur du parc national de Nyungwe. Ces près de 1 000 km2 de jungle millénaire sont un refuge pour plus de 300 espèces d’oiseaux, et un joyau de biodiversité. Pays de l’eau, un bleu intense puise sa source dans la région des Grands Lacs, dont les rives immenses se confondent avec les bords d’un océan. Le jaune, teinté de savane, colore les vastes territoires du parc national de l’Akagera, où vit une faune digne des plus beaux safaris. Puis vient le rouge, souvenir d’un pays meurtri par le génocide, couleur des terres érodées, lessivées, dégradées par les hommes. Symbole de réconciliation et de résilience, le Rwanda est un arc-en-ciel, une gemme multicolore que le projet MuLaKiLa œuvre à préserver et restaurer.
Le contexte environnemental
La dégradation des terres et des forêts constitue un problème environnemental majeur au Rwanda, en particulier dans les paysages montagneux des districts de Rutsiro et Ngororero. Ici, la pression démographique élevée induit une forte dépendance à l'agriculture pour l’alimentation, allant de pair avec la déforestation pour accéder aux ressources forestières, et notamment au bois pour l’énergie de cuisson. Les coupes à blanc et les pratiques agricoles traditionnelles favorisent la mise à nu des sols, les rendant extrêmement vulnérables à l’érosion - 40%* des terres cultivées du pays sont actuellement menacées par l’érosion - et au risque de glissement de terrain pendant la saison des pluies, elle-même exacerbée par le dérèglement climatique. Ces phénomènes entrainent des effets négatifs en cascade, comme la perturbation du cycle de l’eau, dont dépend la biodiversité des ruisseaux, des rivières et, in fine, du Lac Kivu. La destruction de la biodiversité, provoquée au départ par la fragmentation des habitats naturels inhérente à la conversion des terres, n’en est que renforcée.
*Source : FAO
Un pays en proie aux catastrophes climatiques
Dans la nuit du 2 au 3 mai 2023, de nombreux villages dans la province Ouest du Rwanda, où se trouve le projet, ont été victimes d’inondations et de glissements de terrain meurtriers. D’impressionnantes coulées de boue ont provoqué la mort d’au moins 130 personnes, et plus de 5 000 maisons ont été détruites. Le Rwanda connaît régulièrement des épisodes de pluie torrentielle durant la saison humide, mais c’est la première fois qu’un phénomène d’une telle ampleur a été observé.
Depuis des dizaines d'années, des événements climatiques extrêmes frappent le Rwanda. Selon le PNUD*, le nombre de catastrophes liées aux inondations dans le monde a augmenté de 134% entre 2000 et 2023, tandis que l’UNEP** affirme que l'Afrique se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde. Naturellement enclin aux perturbations, le Rwanda est devenu un point névralgique du réchauffement planétaire et en subit sa réalité meurtrière. Dans les montagnes de l’ouest, ces cataclysmes sont responsables de la destruction des cultures vivrières. Près de 600 millions*** de tonnes de sol sont perdues chaque année au Rwanda à la suite de pluies diluviennes ; les terres cultivées en pente étant celles qui en perdent le plus, note le PNUD. Cette situation est préoccupante, menaçant de famine ce pays où l’activité agricole est la seule source de nourriture.
Dans les ceintures des crêtes montagneuses, le reboisement et la conservation des forêts - zones de drainage naturel - ainsi que l’aménagement du territoire en terrasses apparaissent comme les meilleures solutions pour lutter contre l’érosion massive des sols et le phénomène de lessivage, alors que les événements extrêmes deviennent de plus en plus fréquents.
*PNUD, Programme des Nations unies pour le développement ** UNEP, Programme des Nations unies pour l'environnement *** A titre de comparaison, c’est plus que le total de sol perdu en Europe chaque année.
Le contexte socio-économique
Quand on est tombé si bas, dans l’enfer des machettes et de la peur, se relever peut sembler être une utopie. Et pourtant, après le génocide de 1994 qui a causé la mort de plus d’un million de personnes, le Rwanda a fait de ce challenge une réalité. Aujourd’hui, le pays avance tant bien que mal malgré le poids de la pauvreté, mais surtout, s’unit pour regarder le futur. Incarnations d’espoir, de joie et de renouveau, la musique et la danse font partie intégrante de la culture rwandaise. L’artisanat, caractérisé par le tissage, la vannerie et l’Imigongo, ou peinture de motifs traditionnels, fait aujourd’hui la renommée du petit pays africain sur la scène internationale. Cependant, bien qu’il ne demande qu’à briller, le Rwanda doit faire face à des conditions socio-économiques particulièrement difficiles.
Un niveau de pauvreté alarmant
Avec une population totale estimée à 13 millions de personnes - 50% d’entre elles étant âgées de moins de 20 ans - le Rwanda est le deuxième pays le plus densément peuplé d’Afrique. Le seuil international de pauvreté calculé en 2017 est fixé à 2,15 dollars*. Ainsi, toute personne qui dispose de moins de 2,15 dollars par jour est considérée comme vivant dans l'extrême pauvreté. Le taux de pauvreté au Rwanda, qui est passé de 75,2% à 53,5% entre 2000 et 2013, n’a pas diminué depuis. En 2016, la pauvreté y était de 52%, ce qui signifie que plus de la moitié de la population vivait avec moins de 2,15 dollars journaliers. Les infrastructures permettant un accès décent à l’eau et à l’électricité sont manquantes, et les services de base, comme la santé ou l’éducation, sont défaillants. Par conséquent, l’indice du capital humain (ICH) de la Banque mondiale est estimé à 0,38 au Rwanda, soit en-dessous de la moyenne de l’Afrique subsaharienne (à titre de comparaison, il est de 0,9 en France).
*Source : Banque mondiale, 2023
Les conséquences du changement climatique
Lors de sa visite sur le terrain, l’équipe de Reforest’Action a mené plusieurs focus groups aux côtés des populations locales. L’intérêt de cette démarche de co-construction était de générer des échanges qualitatifs avec les futurs acteurs du projet, de comprendre leurs problématiques quotidiennes, leurs besoins, et de faire émerger des enseignements utiles. Lors de ces ateliers, les participants ont fait état des conséquences du dérèglement climatique sur leur mode de vie. Dans le passé, les pratiques agricoles étaient régies par une prévisibilité et une stabilité qui déterminaient les saisons à respecter. La grande fertilité du sol permettait d’éviter l’utilisation de toute forme d’engrais tout en assurant une productivité suffisante. La disponibilité des terres était compatible avec la pratique de la jachère, essentielle pour laisser la terre se régénérer. Enfin, les forêts luxuriantes fournissaient une variété de ressources telles que des champignons, des fruits sauvages et de petits animaux pour la cueillette et la chasse.
Aujourd’hui, la situation au Rwanda a bien changé. Les sols jadis fertiles sont dilués par la pluie, les collines s’érodent, la biodiversité s’effondre et les rendements baissent drastiquement. En raison des pluies irrégulières, des inondations et des longues saisons sèches, les parcelles surexploitées ne produisent plus suffisamment. Pour faire face à la baisse de productivité, les agriculteurs doivent appliquer des engrais organiques et chimiques. L'augmentation de la population, conduisant à l'établissement de colonies dans des zones qui étaient auparavant des forêts, accentue les problèmes d'érosion. Le manque de bois de chauffage et d'énergie, indispensable pour la cuisine et l'éclairage, représente un autre défi. En fin de compte, même en dégradant l’environnement, les familles ne parviennent plus à subvenir à leurs besoins vitaux.
La pauvreté, fléau du pays, ne permet pas à la population de contrer ces changements. Les agriculteurs n'ont souvent pas le bétail nécessaire pour produire suffisamment d'engrais organique. L'accès aux petits prêts est un challenge, étant donné les taux d'intérêt élevés imposés par les institutions financières. En outre, l'absence d'opportunités d'emploi exacerbe la pauvreté. Pour assurer la sécurité alimentaire, des solutions urgentes et durables doivent être mises en place.
Umuganda, la fête du travail communautaire
Malgré des conditions rudes et inquiétantes, la population rwandaise reste unie et déterminée à aller de l’avant. Signifiant « unir nos forces vers un destin commun » en kinyarwanda - langue la plus parlée du pays - l’Umuganda est une fête symbolique au Rwanda. Une journée où chaque individu peut apporter sa contribution pour le bien-être de la communauté. Ainsi, chaque dernier samedi du mois, les Rwandais participent à des projets d’intérêt public. Les tâches à accomplir sont variées, allant du ramassage des déchets à la plantation d’arbres, en passant par la construction de maisons.
Chacun apporte sa pierre à l’édifice d’une société plus solidaire, au service d’un pays plus fort, au bénéfice d’une planète plus résiliente.
Le Rwanda, pionnier de la résilience climatique en Afrique
Conscient des problématiques environnementales menaçant les écosystèmes et la population, le gouvernement rwandais a rapidement pris des engagements sérieux et avant-gardistes sur le continent. Depuis la création du Fonds vert du Rwanda (FONERWA) en 2013, le Président Kagame a levé plus de 247 millions de dollars - permettant au pays de réduire ses émissions de CO2 de 126 000 tonnes - et a contribué à la réhabilitation de plus de 30 000 hectares de bassins versants. Modèle en Afrique, le pays s'est engagé à relever le défi de Bonn et à restaurer 2 millions d'hectares d'ici à 2030. Pour atteindre cet objectif, les autorités ont entrepris d’importants efforts de restauration d’écosystèmes dégradés, notamment dans le parc national de Gishwati, berceau de la forêt de Mukura.
Le Rwanda se démarque également par une grande stabilité géopolitique et économique. Depuis la fin du XXe siècle, le Rwanda a déployé des efforts considérables pour assurer la sécurité et la sûreté de son territoire, et a été classé comme le deuxième pays le plus sûr d'Afrique*, en plus d’être le quatrième pays le moins corrompu**.
*2018 Gallup Global Law ** 2020 Transparency International
Le projet MuLaKiLa, design et bénéfices
De son nom complet « Renforcer la résilience face au changement climatique et construire des chaînes de valeur durables en agroforesterie autour de la forêt de Mukura et du bassin versant du lac Kivu », le projet MuLaKiLa est localisé dans la province occidentale du Rwanda, au sein des districts administratifs de Rutsiro et Ngororero. Mais avant tout, la zone du projet est ancrée au sein de deux écosystèmes naturels d’importance majeure : la forêt de Mukura et le Lac Kivu.
Le parc National de Gishwati Mukura est le dernier parc national du Rwanda et est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2020. Il se compose de deux forêts distinctes : la plus grande, Gishwati et la petite, Mukura. À la suite du génocide du Rwanda, de nombreux réfugiés s’y sont installés, défrichant et déforestant pour se nourrir. En 2000, la quasi-totalité du couvert forestier avait disparu. Si la forêt de Gishwati a bénéficié d’un excellent programme de restauration ces dernières années, ce n’est pas le cas de tous les écosystèmes montagneux de la région. De vastes cultures de thé couvrent aujourd’hui les parties centrales et nord de la réserve. À la frontière entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo, le Lac Kivu est l’un des plus grands lacs d’Afrique, avec ses 89 kilomètres de long et ses 48 kilomètres de large. D’origine volcanique, il draine un important réseau fluvial.
Un partenariat multi-acteurs
Le projet est réalisé par l’Albertine Rift Conservation Society (ARCOS) en collaboration avec le gouvernement rwandais et en partenariat avec Reforest'Action. En équipe, ARCOS et Reforest’Action coconçoivent le design du projet et assurent sa mise en œuvre, puis suivront et évalueront les impacts à long terme de son implémentation. Le projet MuLaKiLa est développé dans le cadre de la Circular Bioeconomy Alliance (CBA), établie en 2020 par le Roi Charles III. La conception et la réalisation de ce projet suivent les principes de cette Alliance. AstraZeneca, entreprise membre de la CBA, finance le démarrage de cet ambitieux projet, permettant ainsi son déploiement dès aujourd’hui.
La conception du projet s'appuie fortement sur des approches participatives. Par conséquent, les consultations des parties prenantes constitueront un processus continu pendant toute la durée du projet.
Des objectifs ambitieux
Amorcée en mars 2023, la « phase pilote » du projet durera un an tandis que les activités de plantation s’échelonneront sur 5 ans, de 2023 à 2027. L’objectif global du projet MuLaKiLa est de restaurer la fonctionnalité écologique de 20 000 hectares d’écosystèmes agricoles par la plantation d'environ 4,6 millions d’arbres, majoritairement en agroforesterie au sein d’exploitations traditionnelles de petite taille. Le projet bénéficiera à plus de 40 000 familles - soit près de 120 000 individus - s’appuyant sur la création de 40 cellules administratives, elles-mêmes composées d'une dizaine de villages, chacun représentant environ 150 ménages.
Sur ce total, la première année qui vient de démarrer représente 3 000 hectares, 900 000 arbres, plus de 3 000 bénéficiaires directs, 70 membres d’ARCOS mobilisés et 30 techniciens de terrain.
Le design d’un futur projet de séquestration carbone
Le projet consiste à 95% au développement de systèmes agroforestiers - ce qui représente 3 millions d’arbres plantés en agroforesterie - et les 5% restants sont destinés au boisement de bassins versants. Des essences agroforestières (Alnus acuminata et Grevillea robusta), indigènes (trompette du Nil, prunier d’Afrique, kratom, ficus, etc) et fruitières (avocatier) seront ainsi intégrées aux plantations de thé et de café (à hauteur de 15% des activités) ainsi qu’aux autres terres cultivées (à hauteur de 85%) d’agriculteurs locaux. Dans le but d’améliorer les chaînes de valeur existantes tout en contribuant à la génération de revenus durables, la plantation d’un million de caféiers donnera naissance à de nouvelles cultures agroforestières de café. Afin de faciliter l'accès des exploitants agricoles aux jeunes arbres, 40 pépinières - une dans chaque cellule administrative - seront installées.
L’étude de faisabilité, qui permettra au projet d’être converti en projet de séquestration carbone fondé sur la Nature pour les 30 prochaines années, a démarré en décembre 2022 et est toujours en cours. Les partenaires avancent maintenant pas à pas vers la certification du projet par une norme internationale, clé de son développement à plus grande l'échelle. Basés sur la typologie carbone ALM*, les calculs précis de séquestration du carbone issus de l'étude de faisabilité n'ont pas encore été fournis.
*ALM = Agricultural Land Management
Focus sur les cultures en terrasses
Au Rwanda, 90% de la surface agricole du pays est située sur les pentes des collines, d’une inclinaison pouvant atteindre 55%*. La création de terrasses radicales est alors apparue comme une solution de premier ordre aux phénomènes d’érosion et de glissement de terrain accentués par la topographie. De plus, le sol plat des terrasses permet de retenir l’eau de pluie et les intrants agricoles lors des intempéries. Cette technique représente aujourd’hui la principale source d’espoir des agriculteurs rwandais pour améliorer leurs conditions de vie. C’est pourquoi le design du projet MuLaKiLa prévoit la création de terrasses en fonction du degré d’inclinaison des sols, un processus onéreux et difficile mais néanmoins nécessaire pour assurer la résilience des écosystèmes restaurés.
*Source : FAO
Des pratiques agricoles durables, quel intérêt ?
La plantation d’essences diversifiées en agroforesterie vise à modifier les pratiques agricoles actuelles pour instaurer des modèles vertueux et pérennes, tant sur le plan environnemental que social.
Des bénéfices pour la résilience des écosystèmes
Les modèles agroforestiers implantés au sein de cultures en terrasses permettront de restaurer les écosystèmes agricoles érodés et lessivés. L’augmentation de la biomasse aérienne et souterraine aura pour effet de réduire l’érosion des sols, de les alimenter en nutriments et d’améliorer leur fertilité. La rétention d’eau, facilitée par les arbres, sera utile en période sèche. La sélection des essences veillera à inclure des espèces endémiques de la région et participera ainsi à la préservation et au développement de la biodiversité native.
Des bénéfices pour la résilience des populations
Les écosystèmes en bonne santé participeront au renforcement des moyens de subsistance des populations. Les chaînes de valeur améliorées du thé, du café et du bois viendront soutenir un réseau de coopératives locales créées dans le cadre du projet. Le principal bénéfice généré sera un gain considérable de productivité agricole, aboutissant à l’amélioration de la sécurité alimentaire des familles. Les avocatiers, plantés sur les terres arables, constitueront une ressource alimentaire supplémentaire. Le projet soutiendra les efforts des communautés rurales via la mise en œuvre d’un système d’incentive, ainsi qu’au travers de la création d’un fonds renouvelable qui favorisera leur stabilité financière. L’augmentation et la diversification des revenus des ménages seront ainsi assurées par un accès facilité à diverses activités économiques telles que l’élevage de bétail, l’horticulture ou l’agriculture commerciale via les marchés régionaux et nationaux.
En mars 2023, les premiers jalons d’une grande aventure écologique et humaine ont été posés. Fondée sur la transparence et la coopération, la phase pilote du projet MuLaKiLa initie un travail de longue haleine avec les communautés d’agriculteurs des districts de Rutsiro et Ngororero, dans le but de renforcer le lien entre la durabilité de leurs écosystèmes et la préservation de leurs moyens de subsistance. Le lancement des activités sur le terrain permettra de maintenir l’engagement pris auprès du gouvernement rwandais et de l’ensemble des parties prenantes, tandis que la certification du projet de séquestration carbone fondé sur la Nature est en cours.