Dans la région du Sine Saloum, au Sénégal, un projet financé par Reforest’Action et mis en œuvre par l’association Nébéday donne une place centrale à l’éducation des enfants aux enjeux environnementaux. Pendant l’ensemble de la conduite des activités du projet, conçu pour durer trois ans, de multiples démarches pédagogiques sont déployées pour associer les jeunes générations, qui auront, demain, la responsabilité de la préservation des écosystèmes restaurés et de leurs ressources naturelles. Ce projet de reforestation éducatif se démarque par son originalité et par le profond engagement qu’il suscite auprès des communautés locales.
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Un projet de reforestation pédagogique qui met l’enfance au centre
Au Sénégal, la production de charbon de bois, le trafic illicite de bois, la multiplication des feux de brousse et la divagation du bétail sont responsables du recul des forêts à l’échelle de l’ensemble du territoire. En soixante ans, le Sénégal a perdu près de la moitié de sa surface forestière, y compris de ses mangroves. La disparition des forêts accentue l’érosion des sols et leur salinisation au niveau des littoraux, des estuaires et jusqu’aux terres continentales, ce qui entraîne une diminution de l’activité agricole et l’appauvrissement de la population rurale. Dans ce contexte, Reforest’Action finance un projet de reforestation intitulé GALA (« Grandir Avec Les Arbres ») et conduit sur le terrain par l’association sénégalaise Nébéday. Au sein des départements de Fatick et de Thies, dans la région du Sine Saloum, au nord de la Gambie, le projet associe une centaine d’écoles et plusieurs milliers d’élèves au déploiement de trois volets de régénération des écosystèmes.
Dans les villages associés au projet, les écoles retenues par Nébéday et l’IEF régionale (Inspection de l’Eduction et de la Formation) mettent en place des pépinières autour desquelles les élèves reçoivent une formation initiale de pépiniériste, afin qu’ils puissent devenir autonomes dans la production d’arbres. Les arbres sont ensuite plantés au sein des écoles et sur les terres appartenant aux familles des élèves, ou autour de leurs maisons. Parmi les essences sélectionnées, des essences de haut jet, telles que Cassia Siamea ou Delonix regia, visent à fournir de l’ombre aux cours de récréation et aux parcelles familiales. Des essences fruitières, comme l’anacardier, le papayer et le citronnier, ont été choisies pour leur présence traditionnelle dans l’alimentation locale. Le moringa, considéré comme un super-aliment, riche de multiples bénéfices, est également introduit. Plantés en agroforesterie, ces arbres participeront sur le long terme à la sécurité alimentaire des familles.
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A l’interface entre la terre et la mer, le long du delta de Saloum, des poches dégradées de mangroves ont été identifiées par Nébéday pour associer les enfants à leur restauration tout en les sensibilisant à l’importance de préserver ces forêts.
Au sein des forêts continentales, les écoles participent également à des sessions de plantation de palmiers-rôniers, l’une des essences constitutives des forêts classées de Sangako, Samba Dia, Wélor et Djilor, pour régénérer ces écosystèmes et participer à leur conservation. Cette essence a de nombreux usages traditionnels pour les communautés locales : confection de sacs, de paniers, de meubles et même de toitures grâce à leurs feuilles, extraction de la sève pour la production de vin de palme, consommation du fruit lui-même dans le cadre de l’alimentation des familles… La restauration de ces forêts offre ainsi un impact direct et une forte valeur ajoutée pour les villageois.
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La vie du projet : une nouvelle année d’éducation scolaire aux enjeux environnementaux
Initié fin 2021, le projet a débuté par la mise en place des pépinières au sein des écoles au cours de l’année 2022. Au cours de cette première année, 38 782 arbres ont été plantés dans les écoles et au sein des propriétés familiales. L’été 2022 a permis l’organisation de six sessions de « Camps Nature » dans le cadre desquels 300 enfants ont été à la découverte des écosystèmes forestiers et de mangroves et ont participé à leur reboisement. Au travers de ces activités, 24 000 palmiers-rôniers et 314 000 palétuviers ont été plantés.
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Avec la rentrée scolaire 2022, une nouvelle année d’éducation environnementale s’est ouverte pour les 7000 élèves associés au projet. De novembre 2022 à juin 2023, les équipes de notre partenaire Nébéday ont effectué six passages dans les écoles. Au programme : sensibilisation aux dégradations des écosystèmes et à l’importance de leur régénération, apprentissage du cycle de vie des arbres, formation à la gestion des déchets, projection de films éducatifs, entretien des pépinières, production de nouveaux arbres et atelier de mise en place de compost. Cette année s’est conclue en juin 2023 par la plantation des arbres produits par les élèves. Au total, 408 arbres ont été plantés dans la cour des écoles, et 23 065 arbres supplémentaires ont été ramenés chez eux par les enfants pour être plantés au sein de leurs foyers respectifs. En parallèle, 20 200 palétuviers ont été plantés dans le delta du Saloum, et 14 500 noix de rôniers ont été mises en terre dans les forêts de Samba Dia, Wélor et Djilor.
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L’engouement communautaire, gage de succès du projet
En avril 2023, une mission d’audit menée par Yori d'Aquino, Project Officer pour Reforest’Action, a permis de constater le bon avancement opérationnel du projet ainsi que l’engouement des communautés locales. Outre la qualité de l’entretien des pépinières qui démontre toute l’implication des bénéficiaires, Yori a également pu observer le bon développement des arbres plantés au cours des deux années du projet et la rigueur des activités de suivi conduites par Nébéday. Des échanges avec les communautés locales ont permis de constater l’appropriation du projet par les villageois et notamment par les parents des élèves associés. En témoigne ainsi les mots du chef du village de Ngohé Mbougel, Léopold Coumakh Ndiaye, qui, interrogé par Reforest’Action, atteste des nombreux bénéfices du projet. Car les arbres plantés, s’ils contribuent directement à l’alimentation des familles, ont également permis de créer un véritable développement communautaire autour des enfants et un éveil des consciences quant aux enjeux environnementaux actuels du Sénégal.
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