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A Kataba, au Sénégal, la régénération des écosystèmes naturels engage les communautés locales

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Au Sénégal, Reforest’Action finance, depuis février 2022, un projet régénératif et multidimensionnel. Conduit sur le terrain par Karamba, un groupement d’intérêt économique franco-sénégalais, et Bioeco, une société française qui apporte son soutien technique, le projet vise à restaurer des écosystèmes de mangroves autour de la commune de Kataba, à enrichir des forêts naturelles dégradées et à développer l’agroforesterie.

Un projet multidimensionnel et régénératif

Le projet s’implante au sein de la région de Ziguinchor, située au sud du Sénégal entre la Gambie et la Guinée-Bissau, marquée par une forte érosion de sa biodiversité à laquelle ont notamment contribué les conflits armés des années 1980 ainsi que l’explosion démographique. A cette catastrophe environnementale s’ajoute la salinisation des terres, c’est-à-dire l'accumulation des sels à haute teneur en sodium dans les sols à des niveaux toxiques pour la faune, la flore et la fonge. En résulte un abandon massif de ces terres, traditionnellement exploitées pour la culture du riz, qui deviennent progressivement infertiles et évoluent vers des espaces nus et stériles, impropres à toute activité agricole. Ce phénomène naturel est aggravé par le changement climatique et le recul des forêts de la région, y compris des écosystèmes de mangroves qui bordent le fleuve Casamance. Régénératif, le projet financé par Reforest’Action et conduit par nos partenaires Karamba et Bioeco, vise à restaurer des écosystèmes naturels tout en générant un impact social et économique additionnel pour les communautés locales qui vivent essentiellement de l’agriculture, de la pêche, de l’élevage et des ressources forestières. Un total de 100 000 arbres doit être planté dans le cadre du projet pour réaliser un triple objectif : régénérer la mangrove, restaurer les forêts dégradées et les tannes, et développer l’agroforesterie. A l’issue de la première année du projet, en mars 2023, une mission d’audit menée par Yori d'Aquino, Project Officer pour Reforest’Action, a permis de constater le bon avancement opérationnel du projet ainsi que l’engouement des communautés locales, tant pour la régénération des écosystèmes naturels de mangroves, de forêts et de tannes, que pour le développement de l’agroforesterie.

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Régénérer la mangrove, source de bénéfices environnementaux et socio-économiques

Véritable forêt amphibie, la mangrove est une formation végétale qui recouvre 75% des côtes, des deltas et des estuaires des régions intertropicales. La mangrove est vitale pour la biodiversité et les communautés locales. Multifonctionnelle par nature, elle fournit de nombreux services écosystémiques, tant sur le plan environnemental que socio-économique. Le système racinaire de la mangrove lui confère également un rôle primordial dans la préservation des sols et des ressources en eau. Grâce à leurs racines, les palétuviers fixent les sols instables dans lesquels ils croissent, et limitent dès lors l’érosion littorale et l’élévation du niveau de la mer. Riche en ressources précieuses et notamment halieutiques, médicinales, forestières, fruitières et mellifères, la mangrove est également essentielle aux populations locales et à leurs activités économiques. Volet majoritaire du projet, la restauration des mangroves vise à réduire l’avancée de la salinisation des terres littorales, et notamment des rizières, qui les rend impropres à la culture. La plantation de palétuviers (Rhizophora et Avicennia) permet également d’augmenter les activités économiques liées à la mangrove comme la pêche et la production de bois énergie pour la cuisson des aliments. Ces opérations, qui nécessitent une main d’œuvre importante, ont largement mobilisé les jeunes de la région entre février 2022 et février 2023.

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Restaurer la santé des sols et la biodiversité des forêts naturelles et des tannes

Au sein de forêts naturelles dégradées, quatre essences sont replantées en enrichissement : le néré, l’acajou du Sénégal, le linké et le gmelina. Des plants d’anacardiers sont introduits en complément. Ces arbres à forte valeur ajoutée économique et résistants au feu, tiendront lieu de pare-feu contre les potentiels incendies de brousse. Le projet concerne également le reboisement des tannes. Ces marais maritimes, situés entre la mangrove et la terre ferme, peuvent être des tannes vifs (c’est-à-dire inondés) ou herbacés, selon leur localisation. Les actions de reboisement conduites dans le cadre du projet concernent les tannes anciennement herbacés et aujourd’hui mis à nu par le pâturage intensif du bétail, dans l’objectif de stabiliser ces écosystèmes et de restituer leur rôle crucial dans la lutte contre la salinisation des terres. Les trois essences plantées en plein (eucalyptus, filao et niawli) permettront à terme de régénérer le tapis herbacé.

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Développer l’agroforesterie pour augmenter la disponibilité des ressources naturelles

Aux alentours de Kataba, les communautés locales dépendent de l’agriculture pour vivre au quotidien. Ils cultivent le riz, le mil, le maïs, le niébé et le sorgho. Les arbres plantés en agroforesterie dans le cadre du projet vont permettre aux agriculteurs de protéger leurs cultures et de générer des revenus complémentaires grâce à la vente de fruits sur les marchés locaux. Nos partenaires forment ainsi les producteurs locaux à la nécessité d’inclure les arbres comme composants à part entière de leur agriculture via la création de systèmes agroforestiers. Différentes essences sont introduites :

  • Des essences fruitières, parmi lesquelles le detarium ainsi que le néré (Parkia biglobosa), connu pour le jus extrait de ses fruits mais aussi pour ses usages médicinaux ; ces essences permettront de protéger les cultures sous-jacentes et de fournir aux populations locales des revenus complémentaires issus de la vente de leurs fruits et graines.
  • Des essences à bois comme le gmelina, l’acajou du Sénégal (Khaya senegalensis) mais aussi le linké (Afzelia africana), une essence locale en voie de disparition. Ces essences permettront de mettre à disposition des communautés des ressources en bois d’œuvre et de chauffe et d’éviter ainsi les coupes au sein des forêts existantes. Le linké a de nombreuses applications en pharmacopée traditionnelle, et permettra également de produire du fourrage pour le bétail.

Les communautés locales sont directement impliquées dans la préparation des terrains à reboiser et la plantation. Chaque bénéficiaire a également la charge de l’entretien des arbres plantés, sources de bois énergie et de fruits. En parallèle, des programmes de formation à des techniques de préservation des écosystèmes agroforestiers sont déployés auprès des agriculteurs locaux. Ceux-ci sont notamment formés aux travaux de Régénération Naturelle Assistée (RNA) tels que l’identification des repousses naturelles et leur protection par l’usage de gaines contre le bétail et les feux de brousse.

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